La santé mentale des personnes atteintes de Covid longue en question

Paris, le jeudi 15 juin 2023 – Une nouvelle enquête signale que 60 % des personnes présentant des symptômes persistant après une infection par SARS-CoV-2 déclarent souffrir d’altérations de leur santé mentale.

La plateforme numérique Post Covid Neuropsy, développée par la Fondation FondaMental, a mis en place un questionnaire permettant de mieux comprendre les liens entre troubles neuropsychiatriques et Covid longue. 

Un état de santé mentale « préoccupant »

Post Covid Neuropsy est une plateforme proposant notamment le dépistage, l’évaluation et la prise en charge des symptômes neuropsychiatriques liés à la Covid longue. Cette dernière a mis en place une auto-évaluation rapide, réalisable en trois minutes. 

Depuis novembre 2022, 2200 personnes ont répondu à ce formulaire, et la plateforme vient de partager les premiers résultats de cette enquête. Il en ressort principalement que six répondants sur dix déclarent avoir un « état de santé mentale préoccupant ». 

Une incapacité à dépasser ses difficultés

En outre, 94 % des personnes ayant répondu ont déclaré être fatiguées ou rencontrer des troubles du sommeil Une proportion légèrement inférieure (90 %) affirme avoir des problèmes de mémoire et d’attention et environ 80 % des sondés ont déclaré se sentir « moins capables de dépasser leurs difficultés depuis la Covid ». 

Dans le même ordre d’idées, deux tiers des répondants ont expliqué avoir « au moins un peu perdu confiance en eux » depuis qu’ils ont contracté la Covid. Enfin, la plateforme Post Covid Neuropsy explique que la consultation d’un spécialiste a été recommandée à 23 % des répondants. 

Bien sûr, il existe un très fort biais de sélection des participants (chez lesquels une Covid longue ou même une infection par SARS-CoV-2 ne peut être vérifiée) : ce sont ceux qui éprouvent le plus de souffrances et de difficultés qui seront les plus enclins à participer à ce type d’enquête, aussi, ne peut-elle être considérée comme représentative de l’ensemble des patients atteints de Covid longue ou ayant été infectés par SARS-CoV-2. 

Néanmoins, le Pr Marion Leboyer, directrice générale de la Fondation FondaMental, assure que des troubles neuropsychiatriques peuvent survenir après une infection par SARS-CoV-2, y compris plus de six mois après la guérison, et ce, peu importe la gravité. Elle souligne, également, la nécessité d’une « prise en charge spécialisée » pour éviter que les patients développent des troubles neuropsychiatriques chroniques — dépression, anxiété, difficultés cognitives… « Les résultats de la plateforme Post Covid NeuroPsy sur ces six premiers mois révèlent l’importance des conséquences neuropsychiatriques de la Covid longue dans la population », indique le praticien. « Ces symptômes persistants et invalidants ont un impact bien réel sur la qualité de vie des personnes malades ». 

La Covid longue, une réalité encore difficile à déterminer

La définition et la compréhension du phénomène « Covid longue » — c’est-à-dire la persistance de symptômes plus de trois mois après une infection à SARS-CoV-2 — sont encore floues. Le gouvernement avait lancé une feuille de route, en mars 2022, pour améliorer la prise en charge et accroître les connaissances sur les personnes atteintes de Covid longue.

Le plus souvent, ces dernières rapportent une fatigue intense, des malaises post-effort, des troubles cognitifs ou sensoriels (concentration, mémoire, vertiges…), des maux de tête ou encore des difficultés respiratoires. 

Plusieurs études ont déterminé que la Covid longue pourrait toucher entre 10 et 30 % des personnes infectées par SARS-CoV-2. Une nouvelle analyse publiée en mars 2023 dans Nature Communication, menée par l’Inserm, l’Université Paris Cité et l’université de Minho à Barga (Portugal) et que nous avions commentée dans nos colonnes a montré que la Covid longue pourrait s’expliquer biologiquement par « des anomalies du système immunitaire associées à la présence persistante du virus dans les muqueuses de l’organisme ». 

Des premiers résultats qui pourraient permettre de poser un diagnostic objectif et donc d’envisager des traitements ciblés pour les personnes souffrant de ces séquelles.

Raphaël Lichten

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