Hôpital : un été plus meurtrier que l’an dernier ?

Paris, le jeudi 29 juin 2023 - Alors qu'un mouvement de grève est annoncé par la quasi-totalité des syndicats de praticiens hospitaliers pour les 3 et 4 juillet, afin de réclamer la reprise des négociations salariales, le ministre de la santé s'efforce de prévenir les difficultés attendues dans les établissements de santé cet été. Un an après la rentrée en fonction de François Braun et sa mission flash sur les urgences, les signes d'alerte à l'hôpital demeurent en effet toujours aussi prégnants.

3 raisons de s’inquiéter

A Ouest-France, le Dr Marc Noizet…successeur de François Braun à la présidence du syndicat Samu-Urgences de France détaille : « la situation est pire que l’an dernier pour trois raisons : la disponibilité des lits s’est dégradée dans les établissements, en raison de ressources humaines encore plus précaires. Les signaux de souffrance et de mauvais état de santé des personnels sont excessivement inquiétants. Et la loi Rist (qui plafonne la rémunération des intérimaires) a mis à genoux certains établissements en anesthésie, imagerie, gynéco, urgences… Des services ferment ou sont en rupture de fonctionnement dans tous les départements. On essaie de cacher la réalité mais il y en a partout. »

Du côté du gouvernement, on se veut rassurant : « il n’y a pas d’urgence fermée sauf cas exceptionnel », a insisté ce jeudi François Braun au micro de RMC. Il s’engage même à venir à bout de « la saturation des urgences avant la fin de l’année prochaine », grâce à la mise en place progressive des services d'accès aux soins (SAS). Une promesse qui ressemble pour certains à celle de Jacques Chirac de se baigner dans la seine !

On prend les mêmes et on recommence !

Pour éviter l’effondrement, François Braun mise encore sur les recettes de l’an passé qui auraient permis « d’éviter la catastrophe ». Cela comprend la régulation par le numéro d'urgence 15, et si cela ne suffit pas, une régulation paramédicale à l'entrée des services d'urgences, ainsi qu'une gestion territoriale des lits. Le cabinet du ministre de la santé souligne que le recours au 15 est le « bon réflexe » lorsque l'on ne trouve pas de solution pour un problème de santé urgent avec son médecin traitant. Dans certains cas, cet appel préalable sera même nécessaire pour accéder aux urgences, bien que le ministère ne fournisse pas encore de liste des hôpitaux concernés.

Autre mesure de 2022, maintenue en 2023 : le règlement arbitral qui fait office de convention a déjà pérennisé la majoration de 15 euros « soins non programmés » (SNP) pour la prise en charge de patients (hors patientèle MT) dans les 48 heures après adressage par la régulation du Samu/Sas ainsi que le forfait de 100 euros pour les médecins libéraux régulateurs.

Merci au peuple résigné

Une nouvelle disposition législative qui pourrait avoir un impact sur les urgences cet été est le principe de « responsabilité collective » des professionnels de santé dans la permanence des soins, aussi bien en établissement qu'en ville. Cette mesure, prévue par la loi Rist, stipule que les hôpitaux, ainsi que les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les infirmiers libéraux conventionnés, sont collectivement responsables de l'accomplissement de cette mission de service public et qu'ils doivent y collaborer. On ne sait pas, néanmoins, si ce texte aura des conséquences dans la « vraie vie ».

Laissons, pour conclure, la parole à Marc Noizet pour qui la seule vraie planche de salut du gouvernement…est la résignation des gouvernés ! « Nous sommes dans un contexte dégradé.  Mais la différence est que la population est habituée, il y a une forme de résignation face à ces fermetures. Mais il y aura un impact sur la morbidité, la mortalité et les retards de soin. Et ce ne sera pas dû qu’à la chaleur. »

F.H.

Copyright © 2023 JIM SA. Tous droits réservés.

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article