
Paris, le samedi 1er juillet 2023 – « Ce n’est pas un échec, ça n’a pas marché » : la petite phrase d’Emmanuel Macron résumant par cette litote le destin de StopCovid est demeurée dans les mémoires, probablement comme le symbole des éternels contournements et demi-manquements du gouvernement dans la gestion de l’épidémie. Cependant, le dispositif qui devait succéder à StopCovid, TousAntiCovid a été sur le papier un véritable succès. Qui n’est cependant pas sans cacher une forme de trompe l’œil.
Rôle marginal dans le suivi de l’épidémie
L’application qui a été mise en sommeil depuis hier minuit (« ce n’est pas la fin », mais ça y ressemble…) a en effet été téléchargée 63 millions de fois entre son lancement en octobre 2020 et février 2023 ; soit bien plus largement que les 2,6 millions de téléchargements de StopCovid. Cependant, c’est la possibilité d’enregistrer son attestation de vaccination ou le résultat d’un récent test de dépistage qui explique en très large partie cette « adhésion » à TousAntiCovid. L’outil de traçage largement vanté par les pouvoirs publics est en réalité demeuré peu utilisé dans sa fonction de traçage. La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) qui avait émis plus que des réserves sur cette fonctionnalité a constaté qu’elle n’avait eu qu’un rôle « marginal dans le dispositif global de suivi de l’épidémie » et ce en dépit des quatre millions de notifications de « contact tracing » envoyées à 6 millions de personnes via l’application.
Une bibliothèque bien plus qu’un traceur
TousAntiCovid a pu être perçu comme le symbole numérique des atteintes à la liberté qui ont marqué le cœur de l’épidémie de Covid, tandis que les craintes autour de la transmission et l’utilisation de données personnelles médicales ont été nourries par ce dispositif. Sa « disparition » (même si TousAntiCovid demeure téléchargeable, elle ne pourra plus être réactualisée) amoindrit considérablement l’idée qu’elle pourrait être l’instrument d’un pouvoir cherchant à mettre en place des outils de contrôle pérennes, tandis que le bilan de son utilisation signale également que son côté utilitaire a largement primé sur le traçage.
Surveillance minimale
Parallèlement à la presque fin de TousAntiCovid, ce 1er juillet signe également la disparition du système SI-DEP (Système d’Informations de DEPistage) qui a enregistré les résultats de 320 millions de tests antigéniques ou PCR de dépistage de l’infection par SARS-CoV-2. Alors que l’on compte actuellement moins de 15 000 tests réalisés chaque jour, seuls les tests PCR feront désormais l’objet d’un recensement et d’une remontée d’information aux autorités. Voilà qui doit permettre de maintenir une « surveillance épidémiologique minimale » considère le ministère de la Santé. La fin de SI-DEP et de TousAntiCovid acte aussi celle des différents certificats de test de rétablissement, qui ne pourront plus être générés.
Jusqu’à la prochaine
Ce calendrier avait été prévu par la loi abrogeant les « régimes d’exception » contre la Covid dont les rédacteurs avaient cependant choisi de repousser la date initiale de la fin de SI-DEP et de TousAntiCovid à décembre 2022, en raison du maintien de l’exigence dans certains pays d’un pass vaccinal. Si celui-ci a désormais complètement disparu, récemment l’OMS a annoncé son ambition de lancer un pass sanitaire mondial. Un recyclage possible pour TousAntiCovid ? Cela reste à voir…
Aurélie Haroche