
Paris, le lundi 3 juillet 2023 – Les syndicats de PH ont appelé tous leurs adhérents et sympathisants à cesser le travail pour faire pression sur le gouvernement.
C’est l’aboutissement de plusieurs mois de montée des tensions entre les syndicats de PH d’une part et le gouvernement de l’autre. Ces lundi et mardi, les PH sont appelés par leurs principaux syndicats à cesser leur activité, que ce soit pour les soins urgents ou non urgents (mais en respectant les éventuelles réquisitions). « Avec ce gouvernement, il faut instaurer un rapport de force pour négocier » se justifie le Dr Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale Actions Praticiens Hôpital (APH), dont toutes les composantes (SNPHARE, Samu-Urgences de France, CPH, AH…) ont relayé cet appel à la grève.
Ce mouvement se fera cependant en ordre dispersé, puisqu’alors qu’APH appelle à la grève ce lundi, trois autres syndicats qui avaient pour leur part signé les accords de Ségur de 2020 demandent à leurs membres de cesser le travail ce mardi. « Lors de la rédaction du préavis de grève, nous avons parlé des « accords bâclés de Ségur », cette expression a gêné ces trois syndicats mais l’essentiel c’est que tous les PH cessent de travailler un temps donné » explique le Dr Cibien.
La permanence des soins, le nerf de la guerre
Les revendications des syndicats de PH sont anciennes et bien connues. Ils demandent la revalorisation immédiate de la permanence des soins (gardes et astreintes), notamment en intégrant le samedi matin dans la permanence des soins et en comptabilisant une garde de 24 heures comme cinq demi-journées. Plus généralement, les PH demandent une revalorisation complète de la grille salariale alors qu’ils estiment avoir perdu 15 % de pouvoir d’achat sur les dix dernières années. Autre revendication importante : revenir sur les accords de Ségur qui ont supprimé quatre ans d’ancienneté pour les PH nommés avant octobre 2020, ce qui rend impossible pour certaine l’atteinte du dernier échelon.
Ces mesures visent selon les syndicats à rétablir l’attractivité des carrières de PH, alors que 30 % des postes sont vacants, chiffre qui monte à 40 % dans les spécialités les plus exigeantes en termes de permanence des soins. Tous dénoncent un phénomène de cercle vicieux, où le manque de soignants dégrade les conditions de travail, les poussant à la démission, ce qui aggrave encore un peu plus les conditions d’exercice. « Encore plus d’activité, encore moins d’attractivité, encore plus de départ » résume le Dr Anne Geffroy-Wernet, présidente du SNPHARE.
Bercy dans le viseur des grévistes
Le discours d’Emmanuel Macron sur l’hôpital du 6 janvier dernier, à l’occasion duquel il avait promis des réformes de fonds, avait pourtant suscité l’espoir chez les syndicats de PH, espoir qui avait été ravivé par l’ouverture de négociations sur l’attractivité du métier de PH fin avril dernier. Mais cet espoir a été de courte durée, puisque ces négociations ont été suspendues début mai et n’ont jamais repris depuis.
Les PH espéraient également que l’argent économisé par l’encadrement de la rémunération des intérimaires (mis en place début avril) aurait permis de financer des mesures d’attractivité. Au lieu de ça, les syndicats n’ont pu que déplorer la multiplication des contrats de type 2, des contrats très avantageux offerts à certains PH par les services en difficulté et qui ne font qu’augmenter le sentiment d’injustice ressenti par les titulaires.
Les syndicats demandent désormais au plus vite la reprise des négociations avec le ministère de la Santé. Bien que la tension soit grandissante, ce n’est pas réellement le ministre de la Santé François Braun qui est la cible des grévistes, mais bien plus celui de l’Economie, Bruno Le Maire, accusé de refuser de dégager les moyens nécessaires pour sauver l’hôpital public. « Je pense que Bercy refuse de débloquer le budget nécessaire pour financer des mesures d’attractivité, il suffit d’écouter les discours récents de Bruno Le Maire, le gouvernement a décidé de faire des économies sur le dos des PH et des soignants en général » dénonce le Dr Cibien.
Quentin Haroche