Baisse des naissances : François Bayrou pointe du doigt la responsabilité des « discours catastrophistes »

Paris, le vendredi 29 septembre 2023 – Alors que l'INSEE vient de consolider ses données pour l'année 2022 confirmant qu'elle a été l'année durant laquelle a été enregistré le plus faible nombre de naissances en France depuis 1945, François Bayrou, Haut commissaire au plan et ancien candidat à la présidentielle s’est inquiété de l’impact de la baisse des naissances sur notre système social.

Sept-cent-vingt-six mille enfants ont vu le jour en France en 2022, soit 2,2 % de moins qu'en 2021, tandis que l'Europe connaissait également une baisse des naissances de 4,9 %. Si la tendance apparaît moins dramatique en France que chez nos voisins, la situation inquiète néanmoins, d'autant plus que les chiffres de 2023 suggèrent qu'elle devrait devenir à son tour l'année avec la plus faible natalité depuis 1945. Comment analyser cette situation? Dans une interview menée par La Croix, le haut-commissaire au plan François Bayrou a pointé du doigt la responsabilité de ceux qui tiennent des « discours catastrophistes » comme l’une des causes de « l’effondrement démographique ». Il a aussi et surtout rappelé l’importance de la croissance démographique pour la survie de notre modèle social français.

Le système social français en question

« La question de la démographie est la question même de l’avenir du pays », affirme l’ancien candidat à l’élection présidentielle auprès de nos confrères. « C’est vrai pour tous les pays du monde, mais la France est particulièrement concernée parce que notre contrat social est entièrement fondé sur notre capacité démographique », faisant référence à notre système par répartition, où les actifs financent les retraites ou encore les indemnités chômage, avant d’être indemnisés à leur tour, le cas échéant, par les futurs actifs.

Mais le haut-commissaire au plan fait remarquer, à juste titre, que le système n’est viable que « parce qu’il y a, pour payer les cotisations et les impôts, suffisamment de contributeurs pour financer l’effort de solidarité ». Selon lui, le maintien d’un tel système devient « impossible » et son principe d’organisation est amené à s’effondrer à partir du moment où « la base de la pyramide se rétrécit ».

Les hommes politiques ont une « responsabilité capitale » dans le renouvellement démographique

Le message est clair : la France doit retrouver le chemin de la croissance démographique.

Or, pour François Bayrou, les cadres politiques, démocratiques et intellectuels de notre pays ont une « responsabilité capitale » dans le renouvellement des générations. Il dénonce effectivement le « discours catastrophiste » qui se propage dans le pays, probable cause de l’effondrement démographique selon lui. « Aujourd’hui, un certain nombre de responsables se complaisent dans l’idée qu’il faudrait revenir à un passé lointain, ou abandonner notre développement », ajoute-t-il.

Le haut-commissaire au plan reconnaît tout de même, au-delà du pessimisme qui peut parcourir la société française, que des considérations matérielles peuvent aussi décourager de nombreux couples de fonder une famille : casse tête de la garde, taille des logements, acquisition d’un nouveau véhicule…

Natalité, vieillissement de la population ; quel impact sur nos émissions de CO2 ?

Enfin, François Bayrou explique que les discours écologiques, qui font parfois le lien entre natalité et augmentation des émissions de gaz à effet de serre, ne peuvent pas se contenter de « déplorer ce que nous sommes » et de « tenir une ligne malthusienne, qui a pour conséquence d’écraser l’instinct de vie de l’humanité ».

Il est en vrai qu’en 2017, une étude particulièrement reprise par la presse internationale et parue dans Environmental Research Letters avait établi une liste de quatre comportements que tout un chacun pouvait adopter pour réduire son empreinte carbone : voyager moins en avion, éviter la voiture, manger moins de viande et… faire moins d’enfants. Les auteurs de ces travaux eux-mêmes ont depuis fortement modéré leurs propos, et plusieurs études ultérieures ont également confirmé que le bilan carbone d’avoir un enfant était très faible.

En parallèle, l’Institut national d’études démographiques (Ined) a publié une étude le 27 septembre 2023 montrant que le vieillissement de la population s’accompagnait d’émissions plus élevées. Plus précisément, les auteurs de l’étude ont constaté que les émissions individuelles sont plus importantes aux âges avancés. En cause : les personnes plus âgées vivent « dans des ménages peu nombreux et concentrent leurs dépenses sur des biens à forte intensité carbone », comme le chauffage, soulignent les chercheurs.

Une donnée supplémentaire que devront prendre en compte nos responsables politiques dans le cadre de la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Pour rappel, la France s’est engagée à la neutralité carbone d’ici à 2050.

Raphaël Lichten

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Vos réactions (1)

  • Il faudra m'expliquer

    Le 30 septembre 2023

    En quoi la dénatalité est-elle un mauvaise nouvelle ? Dans une Europe qui devra inéluctablement faire l'effort d'accueillir des millions de jeunes Africains à la recherche d'un travail, on peut se demander où est l'intérêt d'accroître encore les méfaits de la surpopulation mondiale.

    Dr P. Rimbaud

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