
Paris, le mercredi 22 novembre 2023 – Les campagnes de vaccination contre la grippe et la Covid-19 en cours cet automne connaissent un engouement modéré.
Ces derniers mois, les autorités sanitaires ont lancé pas moins de quatre campagnes d’immunisation concomitantes, visant certes à protéger la population mais également à faire naitre une véritable culture de la prévention chez les Français. Les parents sont ainsi invités à protéger leurs enfants contre la bronchiolite grâce au Beyfortus (nirvesimab) et à les faire vacciner contre le HPV tandis que les personnes âgées peuvent, plus classiquement, se faire vacciner contre la grippe et la Covid-19. Des campagnes qui connaissent pour le moment des fortunes diverses, puisque si celle contre la bronchiolite a connu en engouement inattendu qui a pris de cours les autorités, tel n’est pas le cas de celles contre la grippe et la Covid-19.
Elle semble ainsi loin l’époque où des dizaines de millions de personnes s’étaient faites vaccinés en quelque mois contre la Covid-19, motivées par la crainte de la pandémie…et du passe sanitaire. Depuis le début de la campagne de vaccination de rappel le 2 octobre dernier, 16,7 % des personnes âgées de 65 ans et plus (soit 2,4 millions de personnes) ont reçu une dose de la nouvelle formule du vaccin contre la Covid-19, ciblant spécifiquement le variant Omicron XBB.1.5, selon les derniers chiffres de Santé Publique France (SPF) publiés mercredi dernier. Dans cette tranche d’âge, ce sont les plus de 80 ans qui sont le plus enclin à se faire vacciner, 20 % d’entre eux ayant reçu une dose de rappel.
Vaccination contre la Covid-19 : faible adhésion des soignants
Ces chiffres sont peu ou prou similaires à ceux observés lors de la précédente campagne de vaccination de rappel organisé à l’automne dernier. Ils sont cependant squelettiques lorsqu’on les compare à l’adhésion suscité par le vaccin contre la Covid-19 outre-manche : plus de la moitié des séniors britanniques se sont faits de nouveau vaccinés cet automne. Les chiffres sont encore plus inquiétants lorsque l’on se penche sur la vaccination des professionnels de santé : seulement 5,4 % des soignants en Ehpad, 6,8 % des médecins libéraux et 6,6 % de ceux exerçant dans des établissements de santé se sont fait de nouveau vaccinés. Difficile de diffuser la vaccination auprès des populations lorsque même ceux qui sont censés la promouvoir semblent ne pas y adhérer.
S’agissant de la campagne annuelle de vaccination contre la grippe saisonnière, qui a débuté le 17 octobre, les résultats sont contrastés. Le nombre de doses administrés (4,5 millions en un mois) est certes en baisse de 3 % par rapport à la même période l’an dernier, mais les vaccinations en pharmacie ont elle augmenté de 16 %.
On peut également observer un effet de la suppression de la période de priorisation, cette période, généralement de deux semaines, au cours de laquelle, durant les précédentes campagnes de vaccination, seuls les sujets de 65 ans et plus pouvaient se faire vacciner. En effet, le nombre de doses administrées à des patients de moins de 65 ans a augmenté de 6 % cette année et même de 24 % en officine.
« La suppression de la période de priorisation favorise l’augmentation de la couverture vaccinale » se félicite Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, qui militait pour la suppression de ce dispositif depuis plusieurs années. On observe par ailleurs un certain engouement pour la double vaccination Covid-grippe, possible depuis le 17 octobre : près d’un million de personnes ont reçu les deux vaccins concomitamment.
Vaccination contre la grippe : les mineurs ne tendent pas le bras
Une autre nouveauté de la campagne vaccinale de cette année est la possibilité de faire vacciner contre la grippe les mineurs, même sans comorbidité. Une nouvelle offre médicale qui ne rencontre pas un franc succès : selon la Direction générale de la Santé (DGS), moins de 50 000 enfants et adolescents ont été vaccinés pour le moment.
Tout sauf une surprise, puisque selon un sondage réalisé mi-septembre, seulement 13 % des parents indiquaient vouloir faire vacciner leurs enfants contre la grippe. « Il n’y a pas eu de stratégie de communication particulière et il faudrait avant toute chose mieux informer les soignants » avance Philippe Besset, président de la FSPF, pour expliquer cet échec. La Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle pourtant que les moins de 15 ans représentent chaque année 50 % des passages aux urgences et 30 % des hospitalisations pour cas de grippe.
Si la tendance actuelle se poursuit, la campagne de vaccination actuelle devrait obtenir des résultats similaires à celle de l’hiver dernier, au cours de laquelle 56 % des plus de 65 ans et 32 % des moins de 65 ans avec comorbidité avaient été vaccinés contre la grippe. Loin, très loin des 75 % de couverture vaccinale recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Signe que la culture de la prévention n’est pas encore ancrée chez les Français.
Quentin Haroche