
L’angiogenèse synoviale est un aspect important de la physiopathologie de la polyarthrite rhumatoïde (PR) car elle permet l’afflux des cellules inflammatoires qui vont constituer le pannus. On sait par ailleurs que la CCN1, une protéine matricellulaire aux propriétés proangiogéniques et proinflammatoires, joue un rôle de prolifération sur les cellules endothéliales, d’adhésion, de migration et de survie qui conduit à la formation de néovaisseaux. Cette protéine est surexprimée dans les cellules endothéliales et le tissu synovial des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et son inhibition, entraîne, sur modèle murin, des effets anti-angiogéniques in vivo.
L’objectif du travail présenté par Jérôme Avouac (Hôpital Cochin, Paris) a été d’évaluer les effets de l’inhibition de CCN1 dans 2 modèles complémentaires d’arthrite expérimentale.
Le premier modèle est celui de souris transgéniques Tg197 qui surexpriment le récepteur 1 au TNF et développent des lésions destructrices ressemblant à celles de la PR en l’absence d’anti-TNF. En injectant localement dans les coussinets plantaires un shRNA spécifique pour inhiber CCN1, les chercheurs ont pu observer une amélioration du score clinique et inflammatoire, leur permettant de conclure que CCN1 est une nouvelle cible thérapeutique pour réduire les lésions structurelles.
Mais ce modèle ne permettait pas de savoir dans quelle mesure les cellules endothéliales étaient impliquées, ce qui les a conduits à créer un autre modèle de souris, KO pour CCN1 dans les cellules endothéliales. Après avoir soumis ces souris au développement d’une arthrite par l’injection de mBSA, ils ont pu constater qu’elles développaient moins d’arthrite que les souris contrôle. Cette arthrite était également moins sévère.
Au total, l’inhibition de CCN1 a permis d’améliorer significativement les signes d’arthrite expérimentale induite par le TNF-alpha et de prévenir le développement des dégâts structuraux dans ce modèle. Les résultats obtenus dans le modèle mBSA illustrent de leur côté l’importance de la production endothéliale de CCN1 dans le développement de l’arthrite. Réduire l’angiogenèse synoviale permet alors de limiter les atteintes structurales dans des modèles précliniques de PR. Dans ce contexte, cibler l’angiogenèse synoviale et notamment la protéine CCN1 pourrait aboutir au développement de thérapies innovantes dans la PR, complémentaires des traitements actuels.
Dr Dominique-Jean Bouilliez