Quid de la nutrition dans l’endométriose ?

L’endométriose se caractérise par la présence de tissu endométrial en dehors de la muqueuse utérine. Le rôle de la nutrition est suggéré par l'influence du régime alimentaire sur l'activité œstrogénique et les processus inflammatoires. 

L’endométriose (EMT) affecte 1 à 5% des femmes en période d’activité génitale et disparaît à la ménopause ; elle se traduit par douleurs pelviennes, dysménorrhée, dyspareunie, fatigue et infertilité. Le traitement hormonal fait appel aux progestatifs, aux agonistes de la LH-RH, voire aux inhibiteurs de l’aromatase. Cependant, tous ces traitements ont des effets indésirables (prise de poids, baisse de libido, nausées) qui conduisent souvent à leur interruption.

De plus leur efficacité est souvent temporaire, avec 60 % de reprise des douleurs à l’arrêt du traitement. Quant à la chirurgie, même limitée à l’excision ou à la cautérisation des lésions par voie cœlioscopique, elle est souvent insuffisante, amenant à des interventions itératives et potentiellement mutilantes, pouvant déboucher sur une hystérectomie. Ces désillusions ont remis en scène des traitements alternatifs, dont les régimes riches en fibres et pauvres en graisses.

Moins de viande, plus de fibres et de vitamines

La qualité et la quantité des graisses alimentaires pourraient être des facteurs modulateurs de l’EMT. La consommation d’acides gras trans insaturés présents dans la viande rouge et le lait de vache et d’acide palmitique, acide gras saturé présent dans la viande et la margarine, est associée à une augmentation du risque d’EMT. A l’opposé les oméga-3 (noix, huile de colza, saumon) auraient un effet protecteur. Il a été montré qu’un régime pauvre en graisses réduit la concentration d’œstrogènes circulants, d’autant que l’œstradiol peut être synthétisé localement à partir du cholestérol à l’intérieur même des foyers d’EMT.

Des études ont démontré un risque significativement majoré d’EMT chez les femmes consommant de la viande rouge, voire de la volaille ou du jambon, à chaque repas par rapport à celles qui n’en consomment au plus qu’une fois par semaine.

Un régime végétarien pauvre en graisses a entraîné, non seulement une diminution des douleurs de l’EMT mais une augmentation de la SHBG (sex-hormone binding globulin), protéine produite par le foie, qui se lie aux œstrogènes et en limite l’action. On a constaté le même effet après l’ingestion d’algues, et notamment le varech ou fucus vésiculeux, dont la consommation intensive au Japon explique peut-être la plus faible incidence du cancer du sein dans l’Empire du Soleil Levant.

Pour ce qui est de la vitamine D, on a constaté que son bas niveau dans le sang est associé à un risque majoré d’EMT. L’administration de 50000 UI de vitamine D tous les 15 jours pendant 6 mois a significativement réduit, dans une étude, les douleurs pelviennes de l’EMT évaluées sur une réglette d’évaluation visuelle analogique. La prescription d’antioxydants et singulièrement de vitamines C et E qui s’attaquent aux radicaux libres a également démontré son efficacité dans un essai randomisé vs placebo.

La physiopathologie de l'endométriose implique les œstrogènes et des processus inflammatoires. Des données suggèrent que les facteurs alimentaires ont des effets dans ces deux domaines. La consommation de gras trans, d'acide palmitique et de viande rouge est associée à un risque accru d'endométriose, tandis que les facteurs contenus dans les aliments d'origine végétale, en particulier les fibres et les antioxydants, ainsi que la vitamine D, pourraient avoir des effets positifs en matière de prévention et de traitement. Le volet diététique mérite tout à fait sa place dans l’arsenal contre l’endométriose.

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
Barnard ND, Holtz DN, Schmidt N, et al. Nutrition in the prevention and treatment of endometriosis: A review. Front Nutr. 2023 Feb 17;10:1089891. doi: 10.3389/fnut.2023.1089891.

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Vos réactions (1)

  • acide palmitique

    Le 19 janvier 2024

    Raison de plus pour éviter tous les produits contenant de l'huile de palme et de faire des économies en limitant les passages au rayon boucherie ( ça limitera aussi les risques de cancer du colon et des maladies cardio-vasculaires)

    Dr E. Beratto

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