De nombreuses études ont été menées pour évaluer l’intérêt des
probiotiques dans les troubles fonctionnels intestinaux du
nourrisson et de l’enfant. Si les résultats sont globalement
positifs, ils varient selon les troubles, les souches utilisées et
le type d’alimentation des tout petits.
Coliques du nourrisson : des différences selon le type d’alimentation
Ainsi, dans les coliques du nourrisson, plusieurs
essais ont été menés, dans le cadre d’études randomisées et
contrôlées contre placebo, avec Lactobacillus reuteri qui
ont montré des bénéfices (1, 2, 3). En revanche, V Sung et coll.
(4) n’ont pas démontré d’efficacité à 1 mois, mais, contrairement
aux 3 essais précités qui ont été menés chez des nourrissons
allaités, cette étude a inclus des nourrissons indifféremment
nourris au sein ou au biberon. De fait, dans une méta-analyse
récente de 4 essais contrôlés contre placebo (5), le succès du
traitement et la diminution des pleurs n’ont été mis en évidence
que dans le groupe des enfants allaités.
Que proposer lorsque les nourrissons sont nourris au biberon ?
Après que L Mogna et coll. (6) ont montré que l’administration de 2
micro-organismes, Bifidobacterium breve B632 et
Bifidobacterium breve BR03 étaient capables de coloniser le
microbiote d’enfants avec, parallèlement, une baisse des espèces
coliformes, une étude pilote randomisée et en double aveugle contre
placebo a été mise en place pour évaluer l’efficacité de cette
association chez les nourrissons alimentés au biberon (7). Au
1er mois, on notait une baisse de 50 % de
la durée des pleurs. Au 3e mois, une
réduction significative de la durée des pleurs a été notée, qui
était alors de 12 minutes sous probiotiques et de 47 minutes dans
le groupe placebo. Globalement, la durée des pleurs a baissé de 57
% chez les nourrissons traités par probiotiques.
Syndrome de l’intestin irritable
Les travaux menés en double aveugle et contre placebo chez les
enfants souffrant de syndrome de l’intestin irritable (SII)
ont concerné une plus grande variété de souches. En 2010, dans une
étude en cross over, S Guandalini et coll. (8) ont montré un effet
de VSL#3 sur les douleurs abdominales et le ballonnement après 6
semaines de traitement. G Francavilla et coll. (9) ont, eux, étudié
l’effet de l’administration de Lactobacillus rhamnosus GG
(LGG) pendant 8 semaines (avec un suivi total de 16 semaines) à un
groupe d’enfants ayant, soit un SII, soit des douleurs abdominales
fonctionnelles. Il y a eu une diminution significative de la
fréquence (p<0,01) et de la durée (p<0,01) des douleurs
abdominales dans le groupe de patients traités qui s’est maintenue
jusqu’à la fin du suivi. On a également mis en évidence une
amélioration de la perméabilité intestinale sous traitement actif.
L’efficacité a principalement concerné les patients ayant un
syndrome de l’intestin irritable.
En 2015, une revue systématique de la littérature concernant
les douleurs abdominales fonctionnelles infantiles, relevait
également l’intérêt des souches LGG et VSL#3 (10). Plus récemment,
c’est Lactobacillus reuteri qui a été évalué chez des
enfants ayant, soit un SII, soit des douleurs abdominales
fonctionnelles (11). Il y a eu significativement plus de jours sans
douleur dans le groupe traité et la douleur était moins sévère au
cours du 2e et du
4e mois. Un autre essai (12) a montré
l’intérêt d’un mélange de 3 bifidobactéries (Bifidobacterium
infantis, breve et longum) chez des enfants ayant
un SII, en termes de disparition ou d’amélioration des troubles et
de la qualité de vie.
Choisir le probiotique adéquat
Au total, certains probiotiques apparaissent avoir un intérêt
dans les coliques des nourrissons allaités (L reuteri) ;
d’autres sont pressentis lorsque les nourrissons sont alimentés au
biberon (B breve BR03 et B632). Dans le SII, les
preuves sont plutôt en faveur de LGG et VSL#3, mais L
reuteri et certaines bifidobactéries pourraient également être
intéressants.
Dr Louise Guisgand