L’olfaction, au cœur de l’expérience culinaire

La Journée Annuelle Benjamin Delessert (JABD), journée de conférences dédiée aux professionnels de l’alimentation et de la santé, s’est tenue le 4 février dernier. Les thématiques étaient le jeûne pour la matinée, et l’olfaction pour l’après-midi, avec également la remise du Prix Benjamin Delessert à Nicole Darmon.

Pour Loïc Briand, le terme français de « goût » devrait être remplacé par celui de flaveur, qui implique goût et odorat. Car ces deux sens sont fortement liés et l’olfaction participe pour 75 % de la perception du goût des aliments.

Cinq saveurs primaires sont détectées par le système gustatif : le sucré, l’amer, l’acide, le salé et l’umami (ou 5ème saveur), détectées par les cellules sensorielles des milliers de bourgeons gustatifs situés dans la bouche. Cette sensibilité a un intérêt physiologique et elle est déterminante pour nos choix alimentaires.

La pandémie de Covid-19 a renouvelé l’intérêt pour l’olfaction dans nos vies quotidiennes. Elle a aussi permis des avancées scientifiques comme le souligne Justin Michel qui a mis sur pied à Marseille un hôpital de jour pour les patients atteints d’anosmie, avec parcours de soin allant du diagnostic jusqu’à la prise en charge par rééducation.

Le goût et l’olfaction sont aussi les sujets d’étude des deux lauréates du prix Jean Trémolières 2021, qui ont exposé leur travail au cours de cette journée.

Les particularités du traitement de l’information alimentaire sont au centre du travail de Marine Mas réalisé au Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation de Dijon. Pour les explorer, elle a utilisé les capacités olfactives et cognitives d’adultes normo-pondéraux, en surpoids ou obèses, qu’elle a exposés à des odeurs alimentaires, attentivement perçues (amorçage explicite) ou non attentivement perçues (amorçage implicite). Un biais attentionnel envers les aliments est retrouvé chez tous les individus, ainsi qu’une vulnérabilité cognitive des personnes obèses aux odeurs d’aliments à haute densité énergétique et à l’environnement obésogène.

L’autre lauréate du prix Jean Trémolières, Kenza Drareni, a présenté ses travaux de recherche réalisés au Centre de Recherche de l’Institut Paul Bocuse de Lyon sur les altérations sensorielles induites par les chimiothérapies, leur impact sur le comportement alimentaire des patients et les stratégies utilisées pour améliorer l’expérience culinaire.

La matinée de la JABD était, comme chaque année, consacrée à un point sur les avancées scientifiques sur un thème d’actualité dans le domaine de la nutrition. Cette année le thème était le jeûne (La tentation du jeûne peut-elle être encouragée ?). La journée a aussi donné lieu à la remise du Prix Benjamin Delessert (Nicole Darmon, lauréate du prix Benjamin Delessert), qui récompense un chercheur pour l’ensemble de ses travaux, et à celle des prix Trémolières, récompensant cette année deux thèses.

Dr Roseline Péluchon

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