Le suicide assisté en pleine santé pour éviter le « naufrage de la vieillesse »

Gill Pharaoh

Londres, le mardi 4 août 2015 – Pas une semaine ne passe désormais sans qu’une étude ou un cas troublant ne viennent enflammer le débat sur la « fin de vie ». La polémique est ici relancée par le Sunday Times, qui dévoile l’interview qu’a donné, avant son suicide assistée en Suisse, une infirmière britannique à la retraite, âgée de 75 ans, qui a choisi de mettre fin à ses jours bien qu’elle ne souffrait apparemment d’aucune pathologie mise à part une probable « gérontophobie ».

« Vieillir, c’est épouvantable »

Gill Pharaoh a tenu à expliquer son choix au quotidien anglais : « je veux mourir en ayant toute ma tête et en étant capable de me débrouiller seule. Je ne veux pas être un poids pour les gens que j’aime autour de moi (…) J’ai mis de l’ordre dans ma vie, rapportait-elle encore, et j’espère pouvoir m’effacer aussi discrètement que possible. J’ai soigné des gens âgés toute ma vie. Je me suis toujours dit que je ne deviendrais jamais vieille. Vieillir, ce n’est pas amusant ».

Dans cette entretien, cette spécialiste des soins gériatriques, qui avait par le passé publié deux livres sur la prise en charge des personne âgées, a expliqué que sa plus grande crainte était de devenir « une vieille dame bloquée dans un lit d'hôpital » ou une « vieille femme claudiquant dans la rue » expliquant qu’à son sens « la réalité de la vieillesse n'est pas souvent comprise (…) et que généralement, c'est affreux ».

Après une balade sur les rives du Rhin, un dîner dans un restaurant cossu, Gill s’en est allée, non sans avoir, en adéquation avec son désir d’indépendance, organisé elle-même son enterrement…

Fallait-il suicider Chateaubriand ?

Ce cas « intéressant » rappelle une fois de plus, que toute législation concernant l’euthanasie ou le suicide assisté se doit d’être strictement encadrée. A moins qu’on se résolve à accompagner à la mort, tout ceux qui, comme Chateaubriand, pense que « la vie me sied mal ; la mort m'ira peut-être mieux ».

Frédéric Haroche

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Vos réactions (27)

  • Platon poursuivi pour non assistance à Socrate en danger?

    Le 04 août 2015

    Un tel débat n'avait aucun sens dans l'antiquité européenne, gréco latine, où le médecin pouvait assister le suicidant.
    L'entourage de Socrate serait, de nos jours, poursuivi pour "non assistance à personne en danger" ou même "fourniture de moyens"......
    Civilisations serviles que celles qui condamnent le suicide?
    Dr YD

  • Le suicide, pourquoi pas ?

    Le 04 août 2015

    Le suicide est-il un droit ?
    Et même, vieillesse ou pas, maladie ou non, de quel droit l'interdirait-on ?
    Si le suicide n'est pas un droit, les conséquences de son interdiction légale sont incalculables !
    Et si c'est un droit, il est du devoir de chacun d'en faciliter l'exercice.
    PR

  • Mourir en décidant de son heure

    Le 04 août 2015

    Même en bon état de santé, en étant non dépressif, juste parce qu'on a décidé de ne pas aller plus loin par crainte de la dégradation : pourquoi notre société trouve-t-elle cela intolérable ? Pourquoi ne pourrions-nous pas en conscience décider du moment où nous souhaitons partir ? Quand on voit à quels blocages on se heurte pour la fin de vie des malades, le suicide du bien-portant reste tabou.

    Dr Christine Lamarche Arene

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