
Paris, le mercredi 4 mai 2016 - Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, l’Institut national du cancer (INCA) se félicitait de constater que le nombre d’enfants inclus dans les essais cliniques n’avait cessé de progresser ces dernières années. Il est passé de 853 en 2007 à 2 443 en 2014 en ce qui concerne les essais institutionnels. De nouveaux dispositifs ont par ailleurs été mis en place pour que cette tendance concerne également dans l’avenir les essais uniquement promus par les industriels. Pédiatre oncologue et directeur délégué à la Recherche de l’Ensemble hospitalier à l’Institut Curie, le professeur François Doz ne peut que se féliciter de cette évolution. Il rappelle en effet combien « la recherche clinique est essentielle pour les progrès qu'il reste à faire tant pour améliorer le pronostic des maladies les plus graves que pour diminuer les séquelles post-thérapeutiques des maladies que l'on parvient à guérir ».
Une compréhension souvent partielle
Cependant, il insiste sur le fait que ce développement de la recherche ne doit pas se faire aux dépens du respect des règles éthiques les plus strictes, notamment concernant le consentement des jeunes patients. Or, comme il l’observe dans une étude concernant les enjeux éthiques des essais cliniques en cancérologie pédiatrique publiée dans le Lancet Oncology, des défauts existent en la matière. En raison d’un « risque de surmotivation à la participation dans les essais cliniques surtout lorsqu’il n’y a pas de traitement efficace connu », on peut en effet redouter que la possibilité de refuser l’entrée dans l’étude ne soit pas parfaitement intégrée et comprise. « L'alternative de refus doit être clairement présentée » rappelle le spécialiste. La question de la compréhension des documents par les jeunes patients quand ils en ont la capacité et les familles doit également être posée. Dans une analyse réalisée en collaboration avec la chercheuse britannique Kathy Pritchard Jones (UCL, Londres) et le philosophe Jean-Claude Dupont, il a pu constater à partir de dix ans de publications que « Les études sur la compréhension des documents signés montrent qu'elle est incomplète: parfois le document n'est tout simplement pas compris ». Il est par exemple possible que certains patients ne se concentrent pas suffisamment sur la question du bénéfice pour eux-mêmes de la participation à l’essai. Or, dans le cadre d’un essai destiné à déterminer la toxicité du traitement ou de définir une dose idéale, « la réponse tumorale », qui doit être « l’objectif essentiel » pourrait être secondaire.
Léa Crébat