Au temps du cholera

Paris, le mardi 3 octobre 2017 - Si les sels de réhydratation orale sont « la principale avancée médicale » du XXe siècle (selon le Lancet), c’est parce qu’ils sauvent des millions de vies chaque année, menacées par des diarrhées graves. Parmi elles, le redoutable cholera. Hippocrate et Galien ont décrit une maladie qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau …et celle du Gange déclenchait déjà des épidémies durant l’Antiquité. Dans le célèbre livre de Giono, Le Hussard sur le toit, la Provence du XIXème siècle est le théâtre d’une effroyable épidémie de cholera. Qu’en est-il aujourd’hui ?

En ce début de XXIème siècle, dans les pays développés où les installations sanitaires et l’état de santé général des populations sont plus que satisfaisants, la maladie n’a plus de prise. Mais le vibrion fait encore de nombreuses victimes un peu partout dans le monde*, et si le nombre de cas a diminué de 2015 à 2016, le taux de létalité a grimpé, passant de 0,8 à 1,8% (en Somalie, l’épidémie a tué 5 fois plus).

Catastrophes naturelles et conflits

L’épidémie qui suivit le tremblement de terre d’Haïti sévit encore : 32% des cas mondiaux déclarés en 2016 provenaient de l’île d’Hispaniola. Cependant le continent le plus touché est actuellement l’Afrique où climat, malnutrition et conflits se conjuguent aux mauvaises conditions d’hygiène pour faire le terreau et entretenir les flambées de cholera, notamment dans les camps de réfugiés fuyant la sécheresse ou les exactions.

C’est le cas en Ethiopie, au Sud Soudan, en Somalie (ainsi, au-delà de l’Afrique, qu’au Yémen). Les flambées épidémiques se poursuivent depuis plus de deux ans au Kenya, en Tanzanie (y compris Zanzibar) et au Congo Démocratique (RDC). Actuellement, des flambées touchent le Nigéria et le Tchad** : le bilan 2017 risque d’être en hausse.

L’eau : danger présent et enjeu futur

Un stock mondial de vaccin a été créé pour les campagnes de vaccination d’urgence : 4,6 millions de doses ont été expédiées en 2016, dans 7 pays. Mais le vaccin n’est qu’un outil complémentaire en cas d’épidémie, lorsque les  actions urgentes sont déjà en place (réhydratation, assainissement etc..). Tout l’enjeu est d’intervenir très vite et partout pour éviter l’extension (notamment en zone frontalière).

On estime que 1,3 milliard de personnes sont à risque à ce jour dans le monde.  Ainsi, contrairement à d’autres maladies épidémiques « historiques » comme la peste, la lèpre ou bien sûr la variole, le cholera semble avoir encore de beaux jours devant lui : conflits, urbanisation massive, changement climatique  et concurrence croissante pour les ressources en eau risquent, selon l’OMS, d’accroître encore la charge de ce fléau.

* http://www.who.int/entity/wer/2017/wer9236/en/index.html

** http://fr.allafrica.com/stories/201709220371.html

Dr Blandine Esquerre

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