
Los Angeles, le samedi 6 juin 2020 - Il ne fallait pas être
moins qu’Elon Musk pour réussir à faire parler de soi alors qu’une
grande partie du monde ne semblait s’intéresser qu’à un petit
virus, SARS-CoV-2 et à ses ravages. Signe du talent du controversé
multimillionnaire, il y est parvenu à deux reprises : d’abord en
décidant de rouvrir son entreprise Tesla en dépit du confinement ce
qui lui a valu de virulentes critiques auxquelles l’homme est
habitué et surtout grâce au lancement enfin réussi de la fameuse
fusée SpaceX.
Interface cerveau-machine
Cependant, en dépit de sa notoriété et de l’attention qu’il
suscite, l’entretien d’Elon Musk à un podcasteur assez renommé
outre-Altantique, Joe Rogan n’a été que peu commenté. Pourtant, au
cours de l’émission diffusée début mai, le chef d’entreprise a
révélé que Neuralink, start-up qu’il a fondée en 2016, pourrait
d’ici un an réaliser une première implantation chez l’homme de son
dispositif cérébral. Depuis plusieurs années, différentes équipes
dans le monde entier s’intéressent aux potentialités des interfaces
cerveau/machine pour permettre aux malades paralysés de retrouver
la capacité d’impulser des mouvements alors que leur corps est
privé de toute motricité. Des expériences encourageantes, reposant
sur la transformation des signaux électriques du cerveau, en
commandes intelligibles par des ordinateurs, ont déjà été menées.
Elles ont ainsi permis à des personnes paraplégiques ou
tétraplégiques d’activer des logiciels afin de commander le
mouvement de différents objets dont des fauteuils
roulants.
Une prudence étonnante
Le dispositif invasif mis au point par Neuralink, dont une première version a été présentée l’année dernière est composé d’un premier élément placé sous la peau, relié à un implant cérébral doté de 3 000 électrodes. Ce dernier est relié à un boîtier placé derrière l’oreille envoyant par bluetooth les informations à un logiciel de traitement. Neuralink a par ailleurs mis au point un robot neurochirurgical pour assurer la minutieuse mise en place du système. L’ensemble a déjà été testé avec succès sur des animaux et notamment un singe. Habitué des annonces tonitruantes, Elon Musk avait assuré l’année dernière espérer une commercialisation dans les huit à dix ans. Mais il y a quelques semaines, auprès de Joe Rogan tout en louant les vertus de son implant, il s’est montré prudent. « Il y a encore beaucoup de travail à faire », a-t-il admis. Une réserve inhabituelle qui explique peut-être que ces annonces aient connu une publicité limitée.M.P.