L’Ukraine craint une attaque chimique

Lviv, le mercredi 23 mars 2022 – Le président américain Joe Biden a accusé ce lundi la Russie de préparer une attaque chimique en Ukraine.

Un mois déjà que l’invasion de l’Ukraine a débuté et les experts militaires font le constat unanime d’un certain enlisement des forces russes. L’armée de Vladimir Poutine est loin d’avoir rempli ses objectifs militaires et semble avoir subi de lourdes pertes (si l’on en croit les services de renseignement occidentaux). La crainte des Ukrainiens et des Occidentaux est désormais que face à ce relatif échec, le Kremlin intensifie ses attaques contre les populations civiles, pour briser la résistance adverse. Déjà les bombardements contre les villes, notamment à Marioupol, se sont intensifiés et l’armée russe a commencé à utiliser une arme d’un genre nouveau, les missiles supersoniques.

Si l’hypothèse d’une attaque nucléaire semble en partie écartée (Moscou a assuré qu’elle n’utiliserait d’arme atomique qu’en cas de « menace existentielle »), l’utilisation d’armes chimiques ou bactériologiques contre les Ukrainiens est malheureusement une hypothèse crédible (du moins aux yeux des services américains). Paradoxalement, cette crainte a été ravivée par des déclarations venues de la Russie elle-même. Le 9 mars dernier, le Kremlin a en effet accusé l’Ukraine de produire des armes bactériologiques avec l’aide des Etats-Unis dans le but de les utiliser contre la Russie. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est même réuni en urgence à la demande de Moscou.

L’hypothèse d’une attaque sous « faux drapeau »

Pour les États-Unis, ces accusations fantaisistes pourraient servir de justification à une future attaque chimique ou bactériologique russe. En effet, par le passé, la Russie (et son ancêtre l’URSS) a régulièrement accusé ses adversaires de ses propres turpitudes. En cas d’attaque chimique de leur part, les Russes pourraient ainsi soit prétendre qu’il s’agit d’une attaque préventive, soit accuser l’Ukraine d’être à l’origine de ce crime de guerre (ce qu’on appelle une opération sous faux drapeau). Le dictateur syrien Bachar Al-Assad, allié de la Russie, avait utilisé la même technique en 2013 lorsqu’il avait utilisé des armes chimiques contre sa population, accusant les rebelles d’être à l’origine de l’attaque.

Ce lundi à Washington, le Président des Etats-Unis Joe Biden a de nouveau exprimé sa crainte d’une future utilisation d’armes chimiques en Ukraine. « Les Russes assurent que l’Ukraine possède des armes chimiques et biologiques. C’est un signe clair que Vladimir Poutine envisage d’utilises ces deux types d’armes » a expliqué le chef d’Etat américain. Estimant que le président russe était « dos au mur », il a prévenu que la Russie subirait une réponse « sévère » de la part de l’OTAN en cas d’attaques de ce type, sans préciser quels en seraient les conséquences diplomatiques ou militaires.

La France dispose-t-elle d’assez de pastilles d’iode ?

Par le passé, la Russie a utilisé des armes chimiques au début des années 1980 au cours de la guerre d’Afghanistan. Plus récemment, des armes chimiques ont été utilisées de manière ponctuelle pour des assassinats ciblés. En 2018, le novitchok, un gaz innervant, avait été utilisé dans une tentative d’assassinat contre l’agent double Serguei Skripal. Signataire de la convention internationale d’interdiction des armes biologiques de 1975 et de celle sur les armes chimiques de 1997, la Russie ne possède officiellement plus d’armes de ce type depuis 2017. Mais certains suspectent l’armée russe d’avoir conservé des stocks et des usines en secret.

L’escalade de la violence en Ukraine inquiète en tous les cas l’Europe toute entière. La Commission Européenne a ainsi appelé les Etats membres à renforce leur stock de combinaisons de protection et de pastilles d’iode, en cas d’attaque contre des centrales nucléaires en Ukraine et « travaille pour améliorer sa préparation dans les domaines des menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ». Ce dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré que la France disposait de suffisamment de pilules d’iode pour approvisionner l’ensemble des Français. En septembre dernier, le ministère de la Santé répondait pourtant à un député qui l’interrogeait qu’il manquait 34 millions de comprimés pour permettre à tous les Français d’être protégés. Espérons que nous n’aurons jamais à savoir si ces stocks sont effectivement suffisant ou non. 

Quentin Haroche

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