
Bruxelles, le samedi 24 septembre 2022 – Plusieurs recherches
ont été menées ces dernières années pour tenter d’évaluer les
bénéfices de l’art sur la santé mentale. Dans une étude menée en
2017 au Royaume-Uni, la pratique de la peinture et de la sculpture
permettait une diminution de 71 % des sentiments d’anxiété chez des
patients atteints de troubles psychiatriques, tandis que 76 %
d’entre eux se disaient se sentir mieux grâce à l’art.
En s’appuyant sur 900 études différentes, l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) avait conclu en 2019 que l’art et la
culture pouvaient avoir un effet bénéfique sur la santé mentale et
physique. Et nombreux sont les hôpitaux psychiatriques où les
patients sont incités à s’essayer à différentes formes d’expression
artistique.
« Un outil supplémentaire pour reprendre pied dans la vie »
Fort de ce constat, la ville de Bruxelles a décidé de lancer
un programme de « muséothérapie ». Depuis la mi-septembre,
les psychiatres hospitaliers de la capitale belge sont autorisés à
prescrire à leurs patients souffrant de diverses pathologies
mentales (dépression, anxiété, autisme, troubles bipolaires…) des
visites dans cinq musées de la ville : le musée de la Ville de
Bruxelles, le musée Mode et Dentelle, le Centrale for
Contemporary Art, la Garde-Robe du Manneken Pis (qui
expose des habits confectionnés pour la fameuse statue) mais aussi
le musée des Egouts (idéal pour ceux qui ont perdu l’odorat après
une contamination à la Covid-19).
Le psychiatre peut prescrire à son patient jusqu’à cinq
visites de musées avec trois accompagnateurs de son choix.
L’objectif n’est évidemment pas de remplacer les traitements
habituels mais d’aborder la thérapie sous un autre angle. «
C’est un outil supplémentaire pour reprendre pied dans la vie, au
même titre que l’activité physique ou voir des gens » explique
le Pr Charles Kornreich, chef du service de psychiatrie au CHU
Brugmann de Bruxelles.
Avis aux fous de peinture
Le projet a été lancé par Delphine Houba, adjointe au maire
(« échevine ») chargée de la culture. Elle dit s’être
inspirée d’une initiative similaire menée au Québec depuis 2018, où
les psychiatres peuvent envoyer leurs patients visiter le Musée des
Beaux-Arts de Montréal (idéal pour les obsessionnels puisqu’il
regroupe 43 000 œuvres).
« A travers cette démarche, nous poursuivons deux objectifs
» explique celle qui fut présidente du CHU Brugmann. « D’une
part renforcer l’accès à la culture pour un public vulnérable,
d’autre part offrir au corps médical un outil complémentaire au
suivi thérapeutique existant ». Le projet doit se poursuivre
six mois avant d’être évalué et pourrait bientôt être étendu aux
personnes souffrants de troubles neurologiques.
Ces séances de « muséothérapie » sont entièrement
prises en charges par la Ville de Bruxelles. Vu le prix de certains
musées, certains passionnés d’art seront peut-être bientôt tentés
d’aller simuler une dépression ou un trouble anxieux pour aller au
musée à peu de frais.
Nicolas Barbet