Exclusif : les professionnels de santé hostiles à l’adoption pour les couples homosexuels

Paris, le jeudi 21 février 2013 – Dans quelques semaines le débat autour de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels reprendra sans doute à la faveur de l’examen de ce projet de loi par le Sénat. Lors des discussions à l’Assemblée ces dernières semaines, sur la question de l’adoption, l’avis des médecins et notamment des pédopsychiatres a été fréquemment convoqué pour appuyer les arguments des uns et des autres.

Les opposants ont à cet égard souvent affirmé pouvoir se reposer sur les réserves des professionnels de santé. Ces derniers sont-ils de fait plus fréquemment opposés à l’ouverture du droit à l’adoption aux couples homosexuels (qu’ils soient influencés par leurs connaissances et leur pratique ou par leurs convictions personnelles) ?

Le sondage réalisé sur notre site du 6 au 19 février, qui a remporté un vif succès (puisque 1 341 personnes y ont répondu ce qui constitue un de nos meilleurs scores !) semble en effet confirmer qu’une grande majorité de professionnels de santé (67 %) est opposée à l’adoption par des couples homosexuels. Seuls 30 % se déclarent en effet favorables à une telle mesure, tandis que 3 % estiment ardu de se prononcer.

Des raisons médicales et politiques

Difficile de mesurer dans ce résultat sans appel la part des choses. Les arguments médicaux et scientifiques sont en la matière assez contradictoires. Cependant, si les études disponibles sur le sujet se montrent plutôt rassurantes quant à l’épanouissement des enfants élevés par des personnes de même sexe et même si l’Académie américaine de pédiatrie (entre autres) n’a pas hésité à entériner ces travaux, nombre de nos lecteurs ont sans doute reçu avec une certaine circonspection des résultats dont les biais ont été souvent dénoncés (notamment le fait qu’ils aient été fréquemment obtenus auprès d’homosexuels adoptants militants !). Aussi, ne pouvant se reporter avec certitude sur les études médicales, les professionnels de santé ont pu se ranger derrière les avis « d’experts » : or la voix des opposants a été plus souvent entendue que celle des partisans. Mais au-delà de ces considérations médicales, il est certain que des facteurs idéologiques et politiques entrent également en ligne de compte.

  Sondage réalisé du 6 au 19 février 2013 auprès de 1341 professionnels de santé

On sait par exemple que les professionnels de santé et notamment les médecins qui composent la majorité de nos lecteurs sont plus fréquemment ancrés « à droite » et que c’est chez ces électeurs que le refus de l’adoption est le plus net. On retiendra en outre que bien que leur opposition soit plus marquée, la position des professionnels de santé ne diffère pas fondamentalement de celle exprimée par l’ensemble de la population française dont les plus récents sondages ont montré que seule une minorité (autour de 45 %) était favorable à l’adoption.
PMA et adoption : pas tout à fait le même combat

On notera cependant que le « rejet » de l’adoption par les professionnels de santé est moins marqué que celui qui s’était manifesté concernant la procréation médicalement assistée (PMA) dans une enquête conduite par notre site à l'automne dernier. Ce sondage réalisé du 4 au 17 octobre avait en effet révélé que 74 % des professionnels de santé étaient opposés à la possibilité pour les couples de femmes d’avoir accès à ces techniques.

Cette légère différence établie entre l’adoption et la PMA renvoie à certaines réflexions de psychiatres et psychanalystes dont certains mettent en avant le fait que « l’homoparentalité procréative » pose des questions très différentes. « On fait croire à un enfant qu’il est le produit du désir sexué et sexuel de deux hommes et de deux femmes, mais que pour des raisons de « nature », on a eu recours à tiers (…). On nous dit que la vérité sera dite à l’enfant. Mais quelle vérité ? Ce n’est pas celle de la mécanique qui l’intéresse, c’est celle du désir qui a présidé sa venue au monde » observait ainsi par exemple il y a quelques années le docteur Jean-Pierre Winter. En outre, à la différence de la PMA, les professionnels de santé considèrent peut-être qu’avec l’adoption l’enjeu est moins médical que sociétal et que leur implication, ici, n’est pas première, même si tous les couples adoptants doivent se soumettre à une visite médicale stricte et à un examen psychologique.

Aurélie Haroche

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