
Les modalités de la croissance au début de la vie sont des facteurs prédictifs importants du risque cardiovasculaire (RCV) à l’âge adulte. Un petit poids à la naissance et/ou chez le nourrisson, un poids ou un indice de masse corporelle (IMC) élevés pendant l’enfance et l’adolescence augmentent à l’âge adulte le risque d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 (DT2) et de RCV. Avant 2 ans, le poids et l’IMC prédisent positivement la masse maigre de l’adulte plus fortement que la masse grasse (MG) et, pendant l’adolescence, plus fortement la MG. Peu d’études ont été consacrées à l’association entre la vitesse de croissance en taille au début de la vie et le risque CV ultérieur. D’où l’intérêt de ce travail dans lequel des chercheurs indiens ont utilisé une cohorte (Vellore Birth Cohort) de sujets nés en ville et dans les villages ruraux adjacents en 1969-1973 ; 2 218 d’entre eux ont été prospectivement mesurés et pesés jusqu’à 3 mois, à 6-8 ans, 10-15 ans et à l’âge de 28 ans avec, à cet âge, mesure du périmètre abdominal, de la pression artérielle, de la glycémie, de la résistance à l’insuline (homeostatic model assessment-insulin resistance [HOMA-IR]) et du bilan lipidique. Les gains conditionnels relatifs en poids et taille représentaient la déviation des enfants par rapport à la taille attendue basée sur les mesures antérieures et la croissance des autres enfants.
L’élévation de l’indice de masse corporelle et du gain conditionnel relatif en poids à tous les âges étaient associés à un périmètre abdominal adulte élevé ; les mesures élevées après 3 mois étaient associées à l’âge adulte avec les TA, les indices de résistance à l’insuline et les lipides les plus hauts et, après 15 ans, avec les glycémies les plus élevées. Les grandes tailles à l’âge adulte (en déviations standard de Z-score) étaient associées aux périmètres abdominaux les plus grands (hommes : 2,32 cm/DS, femmes : 1,63 ; p < 0,001), aux élévations de la TA (hommes : 2,10 mmHg/DS, femmes : 1,21 ; p ≤ 0,001) et HOMA-IR (hommes : 0,08 log unités/DS, femmes : 0,12 ; p ≤ 0,05), mais à des glycémies plus basses (femmes =-0,03 log mmol/L/DS ; p = 0,003). Une plus grande taille ou un plus grand gain de taille aux âges les plus précoces étaient associés aux marqueurs de risque cardiovasculaire les plus élevés à l’âge adulte. Ces associations positives étaient atténuées après ajustement pour la taille et l’IMC adulte. Les plus petites tailles et les IMC les plus bas à la naissance étaient associés aux glycémies les plus élevées chez les femmes.
En conclusion, cette étude montre que taille et IMC élevés après la naissance, et jusqu’à l‘adolescence, sont associés à des facteurs de risque CV plus grands à l’âge adulte et cette association est pour une grande part liée à la taille et à l’IMC à l’âge adulte.
Pr JJ Baudon