
Wellington, le mercredi 16 décembre 2020 – Grâce à une politique sanitaire énergique, la Nouvelle-Zélande n’a presque pas été touchée par la Covid-19. A tel point que la mortalité est en baisse dans le pays !
Aucun masque à l’horizon, des restaurants et des cafés bondés, des stades pleins à craquer : en Nouvelle-Zélande, les habitants profitent d’une vie sans aucune restriction sanitaire. Les Néo-Zélandais sont-ils des inconscients qui méprisent les règles de sécurité sanitaire ? Non, si les Kiwis peuvent se permettre de vivre une vie normale sans crainte du virus, c’est parce qu’ils sont parvenus à éradiquer la Covid-19 dans l’archipel. Depuis le mois de mai, seulement 620 contaminations ont été répertoriées dans le pays (pour 5 millions d’habitants), dont la plupart sont des cas importés. Et seulement 25 Néo-Zélandais sont décédés de la Covid-19.
Ces excellents résultats, unique dans les pays « occidentaux », sont le fruit de la politique sanitaire énergique mené par la première ministre Jacinda Ardern depuis le début de la crise sanitaire. Malgré un nombre de cas très faible, le gouvernement n’a pas hésité à placer l’intégralité de l’archipel en confinement, du 26 mars au 13 mai. Et il a suffi d’une dizaine de cas au mois d’août pour que la ville d’Auckland soit placée en confinement partiel pendant un mois. La Nouvelle-Zélande a également mené l’une des politiques de dépistage, d’isolement des malades et de traçage des contacts les plus efficaces du monde. Près de 50 % de la population a ainsi téléchargé l’application de traçage NZ Covid Tracker.
Mortalité en baisse de 11 % en 2020
Grâce à une communication compassionnel, Jacinda Ardern a su obtenir l’adhésion de la population à ces mesures et les habitants ont fait preuve d’un grand sens de la discipline. Pour s’assurer la confiance du public, la leader travailliste n’a pas hésité à révoquer son ministre de la santé David Clark, pris en flagrant délit…d’être allé à la plage avec sa famille. La mesure la plus déterminante prise par le gouvernement néo-zélandais est sans doute la fermeture totale de ses frontières. Profitant de son isolement géographique, la Nouvelle-Zélande impose à tous les arrivants depuis le 20 mars dernier une quarantaine de 14 jours, évitant ainsi toute importation du virus des contrées qui ne sont pas parvenus à éradiquer la Covid-19.
Ces différentes mesures sanitaires ont non seulement évité à la Nouvelle-Zélande de connaitre une hécatombe similaire à celle connus par d’autres pays occidentaux, mais elles semblent même avoir permis une baisse de la mortalité ! Selon une étude publiée dans le Lancet par des chercheurs néo-zélandais, le nombre de décès a diminué de 11 % par apport aux années précédentes depuis la fin du mois d’avril, soit après cinq semaines de confinement. L’archipel compte ainsi 123,4 morts par semaine et par million d’habitants en 2020 contre 138,5 en moyenne les années précédentes.
En l’absence de donnée précise sur les causes de mortalité, il est difficile de déterminer clairement quels sont les causes de cette baisse de mortalité. Les auteurs de l’étude évoquent notamment la baisse du nombre de morts sur la route, des accidents du travail et en rapport avec la pollution atmosphérique, mais ceci ne permet pas d’expliquer pourquoi la baisse de la mortalité s’est poursuivie même après la fin du confinement et le retour à une vie normale. La diminution du nombre de morts pourrait également être dûe à un meilleur suivi des règles d’hygiène (port du masque, lavage des mains, distanciation sociale…) qui a permis d’éviter la survenue d’une épidémie de grippe saisonnière durant l’hiver austral.
La Nouvelle-Zélande espère désormais que la vaccination massive de la population mondiale puisse lui permettre de rouvrir rapidement ses frontières. Le gouvernement a commandé 2 millions de doses du vaccin Pfizer, de quoi vacciner 1 million d’habitants, mais n’a toujours pas précisé quand commencerait sa campagne de vaccination. En attendant, la Nouvelle-Zélande envisagerait de rouvrir ses frontières avec l’Australie, également épargné par l’épidémie, en janvier prochain, à condition qu’aucun des deux pays ne soit touché par une nouvelle vague.
Prévu l’été dernier, la création de cette « bulle » océanienne avait été reportée à la suite de la survenue d’une deuxième vague en Australie.
Quentin Haroche