Royaume-Uni : le NHS confronté aux pires grèves de son histoire

C'est un mouvement social historique qui se joue actuellement outre-Manche. Les infirmières, les ambulanciers ainsi que les kinésithérapeutes ont déclenché les grèves les plus importantes de l'histoire du NHS. Ces grèves rejoignent celles déclarées par les enseignants, les cheminots et les gardes-frontières, qui avaient notamment manifesté la semaine dernière.

Ces mouvements sociaux historiques et inédits revendiquent des augmentations de salaire pour faire face à l'inflation et la fin de l'austérité, alors que les conservateurs sont au pouvoir depuis plus de 10 ans en Grande-Bretagne.

L'inflation s'ajoute à la crise inédite du système de santé

« Les patients sont malades, nous sommes fatigués », peut-on lire sur les pancartes des grévistes qui manifestaient lundi dernier dans la capitale britannique. Ils font état d'opérations repoussées et d'urgences totalement encombrées, provoquant des heures d'attentes pour les patients. Les causes de ces dysfonctionnements seraient à trouver, selon les manifestants, dans la politique d'austérité appliquée depuis une décennie par les gouvernements conservateurs successifs, au pouvoir depuis 13 ans.

Mais cette crise de l'hôpital et des soins a surtout été aggravée par la forte inflation qui touche la Grande-Bretagne. « Le personnel du NHS a dû faire face à une hausse vertigineuse du coût de la vie et de l'inflation », a déclaré Saffron Cordery, la directrice adjointe de NHS Providers, l'organisation qui représente les hôpitaux britanniques.

Les salaires des personnels soignants, et plus spécifiquement des infirmières, qui sont en tête de file des manifestations et des grèves, ne permettraient pas de suivre l'inflation galopante, estimée à 10 % outre-Manche.

Des rémunérations faibles qui aggravent les pénuries de personnels

Les représentants des syndicats d'infirmières ont dénoncé leurs salaires extrêmement faibles. Le gouvernement britannique a refusé toute revalorisation des rémunérations pour cette année, mais a accepté que les négociations s'ouvrent pour mettre en œuvre une augmentation en 2024. Une proposition que les infirmières anglaises ont refusée.

En réponse, Maria Caulfield, ministre de la Santé et ancienne infirmière, a exhorté les syndicats de la santé à « se remettre autour de la table et à annuler les grèves », comme l'ont fait les syndicats écossais, qui ont accepté de négocier le règlement salarial de l'année prochaine.

Mais, pour Angela Unufe, ancienne infirmière du NHS, et qui travaille aujourd'hui dans une clinique privée, c'est aujourd'hui qu'il faut appliquer des corrections, et pas en 2024. « On en est arrivé à une situation où, en tant que managers, nous devions remplacer les infirmières qui ne sont pas de service, parce qu'il n'y a plus d'infirmières », a-t-elle déclaré. L'infirmière a ajouté que « personne ne veut travailler pour des cacahuètes ». L'absence de revalorisation salariale pourrait donc bien aggraver les pénuries de personnels déjà existantes.

Le gouvernement conservateur refuse de revenir à la table des négociations

 « Personne ne souhaite voir ces grèves, personne ne souhaite être en grève », a déclaré Keir Starmer, leader du parti travailliste. « La dernière chose que les infirmières souhaitent est d'être en grève ».

Mais le gouvernement conservateur est pour le moment inflexible et refuse d’entende les revendications. « Nous avons été très clairs sur le fait que nous n'examinerons pas l'accord salarial de l'année en cours », a indiqué Maria Caulfield.

Le directeur de NHS Providers, Sir Julian Hartley, a dit comprendre pourquoi un si grand nombre de ses employés avaient atteint un « point de non-retour », et a appelé les ministres conservateurs à revenir à la table des négociations pour trouver un accord.

Dans le même temps, NHS Providers a officiellement appelé le public à utiliser les services d'urgence « à bon escient » pendant les grèves, expliquant que le système de santé approchait d'un « point critique ». Avec 88 000 rendez-vous annulés en raison du mouvement social en cours et face à la colère grandissante des personnels soignants, la balle semble désormais être dans le camp du gouvernement conservateur.

Raphaël Lichten

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article