
Paris, le mardi 8 mars 2022 - Plus de dix ans après la
création des premiers instituts hospitalo-universitaires (IHU), la
Commission des finances du Sénat se penche sur l’intérêt et les
limites de ce nouveau modèle. Créés en 2009, ces instituts sont
censés permettre l’association de centres hospitaliers
universitaires avec des facultés ainsi que des laboratoires privés
et publics, afin de devenir des pôles d’excellence de la recherche
médicale française (tout en permettant une rationalisation des
coûts).
Combler le clivage entre recherche fondamentale et recherche clinique
Les deux rapporteurs dressent tout d’abord un certain nombre
de constats sur l’état actuel de la recherche en France. Le déficit
persistant de pilotage stratégique et de coordination des acteurs
impliqués conduirait à un clivage entre la recherche fondamentale
et la recherche clinique. Une segmentation qui empêche les pouvoirs
publics de « disposer d’une vision globale des efforts de
recherche en santé ».
Révélé au grand jour à l’occasion de la crise épidémique, la
France se singularise par un sous-investissement particulièrement
marqué en comparaison avec les nations les plus développées. Les
crédits publics alloués à la recherche médicale ont diminué de 10 %
en France entre 2012 et 2018, alors qu’ils ont augmenté dans le
même temps de 37,2 % au Royaume-Uni, de 23,7 % en Corée et de 37,5
% en Allemagne.
Les IHU sont considérées par les auteurs comme des structures
bien identifiées capables de mobiliser des financements au service
d’une recherche translationelle. Le regroupement géographique
d’acteurs « permet de rapprocher efficacement autour d’une même
thématique recherche fondamentale et recherche clinique, structures
publiques et partenariats privés ».
Un soutien de l’Etat indispensable
Si le modèle de l’IHU a donc prouvé son efficacité, les
auteurs du rapport mettent cependant en garde le gouvernement à
l’heure de la création de nouveaux instituts. Le postulat initial,
celui d’un financement privé qui permettrait l’autofinancement,
s’est révélé infructueux. De sorte que la stabilisation de la
situation financière des IHU ne pourrait passer que par un soutien
financier de l’Etat.
Autre question épineuse, celle de la gouvernance des IHU. Le
rapport souligne que les IHU ont été portés « par des
personnalités scientifiques charismatiques » de sorte que les
établissements « restent très étroitement identifiés à leur
fondateur ». Sans citer le cas particulier de l’IHU de
Marseille, le rapport souhaite la mise en place « d’une
procédure normalisée de renouvellement des dirigeants
».
Réunir les conditions de réussite pour les futurs IHU
En juillet 2021, le gouvernement a annoncé le lancement
d’appels à projet pour la création de six nouveaux IHU. Les
rapporteurs estiment que les projets devront s’appuyer « sur des
centres déjà bien établis, à la tête de réseaux structurés, afin de
garantir un rayonnement significatif des structures labellisées
».
C.H.