Pioglitazone et cancer de vessie, les Français avaient raison

La commercialisation de la pioglitazone est interdite en France depuis juin 2011 mais elle reste autorisée dans d’autres pays européens. L’Agence européenne du médicament a estimé injustifié le retrait de la molécule, sous réserve toutefois d’une sélection soigneuse des patients et d’une surveillance de la réponse au traitement. La FDA américaine n’a pas jugé nécessaire non plus de la retirer du marché.

De fortes suspicions existent pourtant quant au lien entre la pioglitazone et la survenue de cancers de la vessie. Pour prendre leur décision, les autorités sanitaires françaises s’étaient basées notamment sur un suivi de cohorte réalisé à partir des données de l’assurance maladie, croisées avec les données hospitalières, et incluant près de 1,5 million de diabétiques. Ce suivi de cohorte montrait l’existence d’une association statistiquement significative entre l’exposition à la pioglitazone et l’incidence du cancer de la vessie. Il a été suggéré à l’époque que cette décision, tranchant avec celle de l’Agence européenne, était une conséquence directe de l’« effet-médiator ».

Les résultats d’une étude, canadienne cette fois, semblent aujourd’hui donner raison aux autorités sanitaires françaises. Il s’agit d’une étude rétrospective de cohorte, incluant 115 727 diabétiques de type 2, nouvellement traités par tous types d’hypoglycémiants oraux. Pendant le suivi (de 1988 à 2009), 376 cas de cancers de la vessie ont été diagnostiqués chez des patients traités depuis au moins 1 an. Ces patients ont été confrontés à 6 699 cas contrôles. La prise de pioglitazone est apparue significativement associée à une augmentation du risque de cancer de la vessie (Risque Relatif ; 1,83 ; intervalle de confiance à 95 % : 1,10 à 3,05). Le risque augmente avec la durée du traitement et le taux le plus élevé est constaté chez les sujets exposés à la molécule depuis plus de 24 mois (1,99 ; 1,14 à 3,45) et chez ceux ayant absorbé une dose cumulée de plus de 28 000 mg (2,54 ; 1,05 à 6,14).

Les auteurs ont beau remarquer que le risque est faible en termes de chiffres absolus (88 cas supplémentaires pour 100 000 personnes-années pour les durées de traitement les plus longues, et 137 cas supplémentaires pour 100 000 personnes-années pour les doses cumulées les plus élevées), il paraîtra tout de même bien difficile de reprocher aux autorités sanitaires françaises leur prudence.

Dr Roseline Péluchon

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