Pancréas artificiel autonome : un essai français prometteur

Paris, le mercredi 2 novembre 2011 – La prise en charge des patients diabétiques de type 1 s’est considérablement améliorée ces dernières décennies grâce à la mise au point d’outils technologiques représentant des avancées majeures telles les pompes à insuline et les holters glycémiques. Si ces dispositifs ont permis de considérablement améliorer la qualité de vie des patients, demeure la question cruciale du contrôle glycémique nocturne, alors que plus de la moitié des hypoglycémies surviennent la nuit. Depuis quelques années, différents systèmes de « pancréas artificiel » ont été testés. Si ces essais ont démontré l’efficacité et la pertinence d’un dispositif ne nécessitant pas l’intervention du malade, grâce à la combinaison d’un holter glycémique, d’une pompe à insuline et d’un algorithme capable de gérer la quantité d’insuline à délivrer, ils n’ont pu mettre au point un outil facilement utilisable dans la vie courante. Jusqu’alors en effet, il était nécessaire de relier le pancréas artificiel à un ordinateur portable.

Un boîtier vraiment smart !

L’innovation de l’équipe d’endocrinologie diabète du CHRU de Montpellier dirigée par les professeurs Eric Renard et Jacques Bringer en collaboration avec les Universités de Padoue, Pavie (Italie), Chalorttesville et Santa Barbara (Etats-Unis) est d’avoir réussi à miniaturiser le système afin de le rendre parfaitement transportable. Le pancréas artificiel qu’ils ont testé avec succès chez un patient de 52 ans dans la nuit du 25 au 26 octobre est en effet aussi léger et fin qu’un téléphone. « Nous avons utilisé des dispositifs qui sont déjà commercialisés : un capteur (…) et une pompe à insuline portable (…). L’originalité est d’avoir installé un mini ordinateur dans un boîtier de smartphone pour gérer le système » explique cité par le Figaro, le professeur Renard.

Mes nuits sont enfin aussi belles que mes jours

Volontaire et enthousiaste, Patrick Mas, chef d’entreprise de 52 ans a utilisé ce pancréas artificiel autonome dans la soirée du 25 octobre et la nuit qui a suivi. « Ce qui m’anime c’est de pouvoir me dire que dans dix ans, tous les diabétiques insulinodépendants pourront bénéficier d’un pancréas artificiel autonome. Pour arriver à ce résultat, il faut bien que quelqu’un teste ce matériel. Alors oui ça vaut le coup » explique-t-il. Il faut dire que l’expérience qu’il a vécue est pour lui tout à fait exceptionnelle : après avoir dîné au restaurant, il a pu passer une nuit à l’hôtel et débuter sa matinée, sans une seule fois avoir besoin de tester sa glycémie et de gérer son insuline ! Ses heures de sommeil se sont notamment particulièrement bien passées. « Rendez-vous compte, j’ai dormi une nuit entière sans penser avec ma glycémie » observe avec joie Patrick Mas. Alors qu’il éprouvait ce sentiment de liberté, un patient participait à Padoue à un essai similaire, avec le même succès. Prochainement ce sont huit autres patients toujours à Montpellier et à Padoue qui vont être invités à utiliser ce pancréas artificiel, d’abord pendant quelques heures puis « sur plusieurs semaines si les premiers succès sont confirmés ». La commercialisation de l’appareil pourrait intervenir quant à elle dans moins de cinq ans grâce notamment au financement de la Juvenile Diabetes Research Foundation et de l’International Artificial Pancreas Study Group.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Vieil adage

    Le 02 novembre 2011

    Certes, la technique de pancréas artificiel qui est rapportée dans votre article amène un petit plus pour des patients difficiles à équilibrer. Mais il ne faut pas oublier le vieil adage : "dans le diabète, on injecte une mauvaise insuline, au mauvais endroit et au mauvais moment". Les nouvelles insulines réellement rapides ont mis fin au 1er adage. La technique rapportée met fin au dernier. Mais elle ne met pas fin à l'adage du mauvais endroit qui pose problème. Pour agir physiologiquement, l'insuline devrait être injectée dans le système porte, ce qui nécessite l'implantation d'une pompe en intra-péritonéal, qui pose encore de nombreux problèmes. Alors espérons qu'on arrive rapidement à les résoudre et nous aurons alors un vrai pancréas artificiel.


    Docteur Guy Roche

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