Quatre fois plus de décès par Alzheimer et SLA pour les footballeurs américains

Les traumatismes crâniens sont fréquents au cours de la pratique de certains sports, volontiers considérés comme virils. Cependant, plusieurs études ont suggéré que ceux-ci n'étaient pas anodins et pouvaient avoir des conséquences neurologiques à long terme. Ainsi, dès 1994, la National Institute for Occupational Safety and Health  avait rapporté une augmentation de la mortalité « neurologique » en rapport avec la survenue  de quatre cas de sclérose latérale amyotrophique chez les joueurs de football américain de la National Football League (NFL). D'autres études effectuées chez des joueurs retraités ont aussi rapporté l'existence de séquelles neurologiques à la suite de traumatismes légers. Des études neuropathologiques ont ainsi permis d'identifier une nouvelle pathologie, l'encéphalopathie chronique traumatique. Ce déclin neurologique peut survenir des années voire des décades après des commotions cérébrales répétées et se traduit  cliniquement par des troubles moteurs, de l'équilibre et des fonctions mentales.

L'étude rétrospective publiée récemment dans Neurology confirme ces données en montrant une augmentation de la mortalité liée à des pathologies neurodégénératives chez les retraités de la NFL. Cette étude de cohorte a porté sur 3 439 sportifs ayant effectué au moins cinq saisons, justifiant d’une pension, entre 1959 à 1988. Les données de survie ont été obtenues jusqu'en 2007. Les auteurs ont effectué leur analyse statistique en tenant compte des spécificités du jeu de football américain : joueurs non rapides (linemen) et joueurs rapides. Les résultats ont été comparés avec ceux de la population américaine en utilisant des ratios standardisés de mortalité (RSM).

L’analyse statistique a montré une diminution de la mortalité globale par rapport à celle de la population générale (RSM = 0,53, intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,48-0,59). Par contre il existait une multiplication par trois de la mortalité liée aux maladies neurodégénératives (RSM=3,26, IC 1,90-5,22). Elle était environ quatre fois plus importante pour celle due à la sclérose latérale amyotrophique et la maladie d'Alzheimer (respectivement RSM = 4,31, IC : 1,73-8,87 et RSM = 3,86, IC : 1,55-7,95). Cet excès de mortalité était influencé par la position et le style de jeu puisque le risque était environ trois fois supérieur chez les joueurs rapides, plus exposés à des impacts (ratio de risque = 3,29, IC 0,92-11,7.

En conclusion, les auteurs précisent que leur étude présente de nombreuses limites et ne permet pas d'établir une relation de causalité. Ils suggèrent d’évaluer le niveau de commotion cérébrale dans les études ultérieures afin de préciser le mécanisme de cette surmortalité neurodégénérative.

Dr Christian Geny

Référence
Lehman EJ, Hein MJ, Baron SL, Gersic CM. : Neurodegenerative causes of death among retired National Football League players. Neurology. 2012 Nov 6;79(19):1970-4. doi: 10.1212/WNL.0b013e31826daf50. Epub 2012 Sep 5.

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