
Montain View, le samedi 11 avril 2015 – « Woody et les robots » est un film de Woody Allen sorti en 1973 qui pourrait bientôt ne plus appartenir au genre de la science fiction. Car en 2015, le projet dans l’air de Google est de concevoir des robots dotés d’une personnalité… et pourquoi pas la personnalité de Woody Allen !
La joie désincarnée
L’affaire ressemble à une facétie mais ne manque pas en réalité de sérieux. Le géant numérique de la Silicon Valley vient de déposer un brevet concernant les « procédés et systèmes pour le développement de la personnalité de robots ». Le procédé définitif n’existe pas encore, mais les pistes sont déjà nombreuses. Il s’agit de s’appuyer sur les facultés immenses d’apprentissage des systèmes robotisés et informatiques actuels pour leur dicter différentes réactions en fonction de situations données. Les robots humanoïdes existants, tel Nao, capables d’interagir avec leur entourage suggèrent aisément que la mécanique des émotions ne saura sans doute pas impossible à retranscrire. Pour élargir le plus possible la gamme des sentiments pouvant être "exprimés" par les machines, Google compte s’appuyer sur un système comme le "cloud" qui offre une puissance de calcul incomparable et qui permet d’envisager un "transfert" de la personnalité si le robot venait à disparaître.
La peur robotisée
Parmi les méthodes d’apprentissage des émotions, les robots pourront notamment miser sur l’imitation. Des personnes qui les entourent, mais aussi de personnalités célèbres. C’est ainsi que Google n’a pas hésité à citer le célèbre Woody Allen ! A terme, les robots, grâce à une très large palette d’émotions multiplieront le champ de leurs interactions avec les humains. Ces robots humanoïdes pourraient alors trouver une place grandissante dans l’accompagnement des personnes âgées, malades et handicapées, comme c’est déjà le cas pour Nao, utilisé dans certaines structures pour renforcer les liens avec les jeunes enfants autistes.
Un tel développement n’est cependant pas sans inquiéter ceux qui depuis plusieurs mois redoutent que les machines ne prennent un jour le contrôle sur ceux qui aujourd’hui les construisent. Nous avons ainsi récemment évoqué dans ces colonnes comment des éminents scientifiques et spécialistes de l’informatique mettent en garde contre un développement sans frein de l’intelligence artificielle.
A quand des robots ayant peur d’eux-mêmes ?
Aurélie Haroche