Les ultrasons haute fréquence ne permettent pas de prédire une escarre

Le développement d’une escarre est le résultat de deux phénomènes : la compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses et l'hypoperfusion capillaire. Les patients hospitalisés en réanimation sont ainsi particulièrement à risque et l'observation attentive des principales zones cutanées concernées fait partie intégrante de la prévention. Les critères visuels prédictifs de l’apparition d’une escarre restent toutefois assez mal définis et sujets à interprétation.

Dans ce domaine, une équipe infirmière rapporte son expérience des techniques d’échographie à haute fréquence (20 MHz). Les ultrasons à haute fréquence (US HF) permettent en effet une évaluation des tissus superficiels et par exemple, de mesurer des changements de l’échogénicité cutanée associée à l'inflammation. Cette technique, comparée à la résonance magnétique par exemple, a démontré sa sensibilité pour évaluer l’état d’hydratation dermique et certaines pathologies cutanées.

L’étude, longitudinale et descriptive, a inclus 40 patients adultes admis dans 3 unités de soins intensifs (soins intensifs neurologiques, respiratoires et de traumatologie) et ventilés mécaniquement. Le score de Braden moyen dans cette population est de 13 et l’IMC moyen de 28 kg/m2. Les échographies sont effectuées quotidiennement durant une semaine. Au total 241 images échographiques ont été collectées, sur des patients en décubitus latéral, le plus proche de 90°C. L’appréciation des tissus sous cutanés consiste en des mesures de l’épaisseur et des densités des couches dermiques et hypodermiques.

Une variabilité inter-observateurs et pas de valeur prédictive

Les résultats ont montré une faible concordance entre les évaluations réalisées indépendamment par 3 des investigateurs experts dans cette technique. Malgré plusieurs amendements du protocole initial, les mesures de densité et d’épaisseur des couches dermiques et hypodermiques dépendent crucialement de l’emplacement de la sonde sur la zone cutanée. Aucune modification au cours du temps de ces mesures n’est associée à l’apparition secondaire d’une escarre. De plus, la faisabilité de cette échographie chez les patients en réanimation, hémodynamiquement instables, n’est pas évidente : dans certains cas, la position en décubitus latéral est source d’hypotension et ne doit pas être prolongée.  Aucun effet indésirable au cours des procédures n’est cependant mentionné par les auteurs.

L’échographie cutanée avec ultrasons à haute fréquence n’améliore donc pas significativement notre capacité à identifier les changements tissulaires prédictifs d’une escarre.

Dr Béatrice Jourdain

Référence
Grap MJ et coll. : Use of high frequency ultrasound to detect changes in skin integrity: an image evaluation validation procedure. Intensive and Critical Care Nursing (2015) 31, 141-147

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