
Le but ultime de la réadaptation pour les utilisateurs de fauteuils roulants manuels (FRM) est la participation à des activités significatives. Cependant l’achat d’un FRM n’en est pas la garantie et l’utilisation d’un FRM est même souvent associée à une baisse de la participation à des activités physique, à des loisirs ou encore à des événements sociaux.
Sur la réflexion qu’une formation sur les compétences en FRM peut jouer un facteur important, une équipe de Vancouver a lancé un essai controlé randomisé sur un programme WheelSee. Quatre-vingt-quatre patients ont été sélectionnés à la sortie d’un centre de réadaptation. L'âge moyen des participants était de 48,8 ± 17,0 années et ils avaient une durée d’utilisation moyenne du FRM depuis 13,1 ± 12,6 années. Ils avaient recours au FRM plus de 2 h par jour et pouvait le propulser sur plus de 10 m, avaient des objectifs d’apprentissage sans avoir jamais eu de formation. La plupart des participants étaient célibataires (68 %), étaient des hommes (79 %), et avait une lésion de la moelle épinière (68 %).
Des objectifs personnalisés
Le groupe d’intervention, au contraire du groupe contrôle, a participé à 6 sessions de formation de 1h30 à raison de 1 à 2 fois par semaine, administrées par des pairs avec plus de 10 ans de pratique. Les premières séances se sont basées sur les objectifs personnalisés de chaque participant : par exemple si l’objectif était « traverser la rue à un passage piéton », le séquençage des compétences comprenait « descendre du trottoir », « propulser le FRM dans la rue » et « remonter sur le trottoir ». Les 2 dernières séances ont été davantage axées sur la gestion des situations en société, l’anxiété et le contrôle des émotions, en utilisant des jeux de rôle tel que « surmonter un sentiment de gêne lors de l’entrée dans la maison d’un ami avec des pneus humides » en donnant des solutions pratiques (« demander une serviette à l’arrivée pour essuyer les pneus »).
D’après l’analyse des résultats en amont et en aval, WheelSee a eu un effet statistiquement significatif sur le savoir et le savoir faire dans l’utilisation du FR (avec le Wheelcon version 3.0 : d de Cohen = 1,4; P = 0,002), sur les compétences (avec le Wheelchair Skills Test Questionnaire : d de Cohen = 1,3; p = 0,003) et sur les performances (d de Cohen = 1,0 ; p = 0,02). Il n'y a pas eu de différence statistiquement significative entre les 2 groupes sur les scores de mobilité ou sur la satisfaction.
En conclusion, cette étude pilote suggère qu'il y a un intérêt à mettre en place des formations dirigées par des pairs sur l’utilisation du FRM, et ce tant pour les novices que pour les utilisateurs expérimentés. Bien que chacune des compétences en FRM n'ait pas la même implication clinique, l'amélioration de seulement une compétence intermédiaire ou avancée peut permettre la participation à davantage d’activités significatives. En outre, les études futures devraient examiner comment l’évaluation et la formation de cette compétence peuvent être mieux intégrées aux diverses étapes de la réhabilitation.
Anne-Céline Rigaud