
Paris, 31 octobre 2017 – Classée jusqu’ici au rang des curiosités, l’écriture inclusive ou épicène est venue s’inviter dans l’actualité ces dernières semaines avec la publication d’un manuel scolaire introduisant cette méthode destinée à lutter contre les stéréotypes liés aux sexes et qui prône l'utilisation à égalité du féminin et du masculin*. La polémique n’a depuis cessé de rebondir, notamment avec un avis de l’Académie française qui l’a qualifiée de « péril mortel ».
C’est au tour, cette semaine, du ministre de la culture, Françoise Nyssen et d’orthophonistes de s’en inquiéter.
Le ministre, au micro de France inter, a ainsi expliqué : « une chose qu'on n'a pas assez notée: comment font les enfants dyslexiques pour s'en sortir avec cette écriture-là ? (…) Je ne suis vraiment pas pour », tout en se déclarant néanmoins favorable à la féminisation des noms (« autrice » comme féminin d’auteur par exemple).
Réagissant à ces propos, Françoise Garcia, vice-présidente de la Fédération nationale des orthophonistes fait part également de l’inquiétude de sa profession auprès de l’Agence France presse (AFP) : « ce qui est compliqué pour ces enfants, c'est de réussir à traiter toutes les informations visuelles. Or l'écriture inclusive en rajoute ». Elle souligne néanmoins qu’elle l’utilise souvent pour correspondre avec ses collègues qui sont presque exclusivement des femmes !
« D'autre part, l'écriture inclusive ajoute de la confusion dans la conversion entre ce qu'on entend et ce qu'on écrit », poursuit-elle, alors que ce travail de « conversion grapho-phonétique » est une difficulté pour les dyslexiques. « Mais on manque pour l'instant d'études scientifiques sur le sujet (…). Il en existe pour savoir comment les enfants traitent les mots, leur compréhension globale, mais pour le traitement de l'écriture épicène par l'enfant lambda et dyslexique, on ne sait pas » conclut-elle.
*Exemple : « Grâce aux agriculteur•rice•s, aux artisan•e•s
et aux commerçant•e•s, la Gaule était un pays riche ». Manuel
Magellan et Galilée Questionner le monde. Editions
Hatier
F.H.