
Le sentiment de déjà-vu, impression d'avoir déjà rencontré une situation, est courant dans la population générale mais peut également être associé à l’épilepsie temporale (aura) ou certains troubles psychiatriques.
Les auteurs de ce travail britannique ont évalué la prévalence du phénomène chez des sujets épileptiques, atteints d’affections neurologiques ou sains et comparé les expériences de ces trois différents groupes.
Au total, ont été recrutés 50 malades atteints d'épilepsie avec expérience de déjà-vu, suivis à l'hôpital général Ouest d’Edimbourg, 50 malades non épileptiques consultant en neurologie et 50 étudiants en médecine, non épileptiques, de l'université d'Edimbourg.
Tous les sujets devaient compléter un questionnaire évaluant leur niveau d’anxiété et recherchant une éventuelle dépression ou une schizophrénie ainsi qu'un questionnaire sur le déjà-vu, recueillant des éléments sur le contexte, la fréquence, la durée et la nature des épisodes ainsi que les symptômes physiques et émotionnels associés.
Tous les sujets épileptiques avaient (par définition) eu au moins une expérience de déjà-vu, versus 73,5 % (n = 36) des sujets neurologiques et 88 % (n = 44) des étudiants. Les expériences de « jamais vu » étaient moins communes : 26 % des malades épileptiques, 26,5 % des malades neurologiques et 10 % des étudiants. L'expérience de déjà-vu était similaire dans les 3 groupes, toutefois, le phénomène se produisait plus fréquemment parmi les patients épileptiques que dans les 2 autres groupes (p < 0,001) et durait un peu plus longtemps que pour le groupe étudiant (p= 0,001). Par contre, il n'était pas plus long que pour les malades neurologiques (p = 0,67). Les malades épileptiques signalaient plus souvent que les étudiants ressentir de la fatigue avant l'épisode, (p=0,001) et ils avaient plus de sensations de déréalisation associées que les étudiants (p = 0,002), mais pas que les malades neurologiques (p=0,02). Ils avaient également davantage d'hallucinations olfactives et gustatives ou de symptômes physiques et émotionnels tels que des céphalées ou de la peur, par rapport aux étudiants (p = 0,001) ou aux malades neurologiques contrôles (p<0,001)
L'anxiété (p=0,15) et la dépression (p=0,16) n’étaient pas associées avec la fréquence des sensations de déjà-vu.
Les auteurs concluent que même si les expériences de déjà-vu physiologique ou épileptique sont fréquentes et qualitativement similaires, le déjà-vu épileptique est plus volontiers accompagné d'autres symptômes.
Dr Juliette Lasoudris Laloux