
Une enquête-choc publiée en Italie en 2008 attirait l’attention sur un possible lien entre la sclérose latérale amyotrophique (SLA) et l’activité sportive de haut niveau. Cette enquête, menée par le Pr Adriano Chio sur plus de 7 000 footballeurs révélait dans ce groupe un risque de SLA 6 fois supérieur à la moyenne. Par la même occasion, l’on apprenait que plus de 40 cas de SLA avaient été diagnostiqués depuis les années 70 chez d'anciens joueurs de football italiens. Plusieurs hypothèses étaient alors émises, allant du rôle de l’activité physique elle-même à la responsabilité du dopage ou à celle des produits utilisés pour traiter les pelouses.
Depuis cette date, l’idée d’un lien entre une activité physique intense et la SLA a fait son chemin. Réfuté par certains, mis sur le compte des traumatismes crâniens ou cervicaux répétés par d’autres, ce lien est l’objet d’une controverse qui paraît loin d’être éteinte. D’autant qu’une nouvelle étude, réalisée en Israël, pourrait relancer la discussion. Il s’agit cette fois, non plus de footballeurs mais de triathlètes. Les auteurs de l’étude ont été interpellés par plusieurs diagnostics de SLA posés chez des triathlètes de haut niveau. Ils ont alors analysé les données des dossiers de 185 patients suivis dans une clinique spécialisée dans la prise en charge des SLA.
Cinq de ces patients, soit 2,7 % de la cohorte, signalaient avoir participé à des triathlons. Ce taux est nettement supérieur à la proportion de triathlètes présents dans la population générale, qui est estimée en Israël à 0,17 % (Odds ratio : 16,15 ; intervalle de confiance à 95 % : 5,85 à 36,36). Le constat est le même après ajustement pour les différentes sources de biais possibles. Les triathlètes atteints de SLA présentent toutefois quelques particularités par rapport aux autres patients. Ils sont en effet en moyenne plus jeunes et souffrent plus souvent d’atteintes bulbaires.
Dans le cas des triathlètes, il paraît difficile d’incriminer
les traumatismes crâniens ou cervicaux. Les auteurs estiment que
les résultats suggèrent plutôt l'existence d'un lien entre
l’exercice physique soutenu, tel qu'il est pratiqué dans le
triathlon, et la prédominance de l’atteinte bulbaire. Cette étude
relance l’intérêt d’une étude de cohorte qui pourrait être
focalisée sur les triathlètes de haut niveau.
Rappelons que les causes de la SLA sont encore inconnues. Seuls 5 à
10 % des cas seraient d'origine génétique.
Dr Roseline Péluchon