Pour les internes, il est plus que temps de faire la grève

Paris, le lundi 17 novembre 2014 – A l’appel de l’Intersyndicat national des internes (ISNI), du Syndicat national des internes en Odontologie (SNIO), du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) et de la Fédération nationale des syndicats d’interne en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM), les internes sont appelés aujourd’hui à participer à une grève de vingt-quatre heures. Depuis plusieurs mois, on le sait, les syndicats dénoncent l’inapplication par la France des directives européennes concernant le temps de travail des internes. Ces dernières fixent à 48 heures le temps hebdomadaire maximal pouvant être travaillé par les futurs praticiens. Or, plusieurs enquêtes, conduites notamment par l’ISNI ont mis en évidence que ces 48 heures sont le plus souvent largement dépassées pour atteindre en moyenne 60 heures. Concernant encore l’organisation de leur temps de travail, l’ISNI et les autres syndicats dénoncent le non respect dans de nombreux établissements du repos de sécurité (qui concernerait jusqu’à 70 % des futurs chirurgiens) et la non sanctuarisation des journées de formation. Pour répondre aux injonctions de Bruxelles, des propositions ont bien été faites par le ministère de la Santé, qui visent à la suppression d’une demi journée. Mais les syndicats jugent qu’il s’agit d’une solution en trompe l’œil, notamment parce que le ministère se refuse à faire du samedi matin une période de garde. Or, les internes souhaitent que la semaine soit strictement délimitée entre le lundi et le vendredi soir. « Cela permet également d’en finir une bonne fois pour toute avec le statut de demi-garde, réservé réglementairement uniquement au samedi après midi, mais dont de nombreuses administrations hospitalières se servent le reste de la semaine pour ne pas avoir à appliquer le repos de sécurité et sous-payer les internes. Enfin, cette proposition n’engendre en rien des coûts inconsidérés : le ministère, tentant d’acheter la paix sociale, a proposé une revalorisation des gardes de week-end (d’un coût global équivalent au passage du samedi matin de garde). Compte-tenu des enjeux, le ministère se moque ouvertement des internes », remarque l’ISNI dans un communiqué publié mercredi, proposant ainsi une réponse à ceux qui au sein des hôpitaux estiment que les revendications des internes entraîneront des surcoûts et des troubles organisationnels insurmontables et qui s’en sont ouverts dans une lettre à Marisol Touraine.

Fuite des blouses blanches

Au-delà de cette question du temps de travail, c’est un malaise plus profond que les internes entendent dénoncer aujourd’hui. L’ISNI ne cache pas en effet qu’elle redoute la réforme de l’internat actuellement en discussion qui selon le syndicat « risque de dégrader un peu plus notre formation ». Le programme de la future loi de santé suscite également des inquiétudes. C’est dans ce cadre que l’ISNI évoque un phénomène nouveau : le départ à l’étranger d’un nombre croissant d’étudiants à la fin de leurs études.

Léa Crébat

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