La « déstigmatisation » passera-t-elle par les réseaux sociaux ?

The British Journal of Psychiatry propose un éditorial évoquant les conséquences de certaines pratiques sur les réseaux sociaux (les auteurs parlent plus précisément de « médias sociaux »), quand les internautes ayant des problèmes de santé mentale tiennent à « partager leur vécu dans des espaces publics en ligne. »

Si cette démarche consistant à exposer ses difficultés personnelles peut aider les personnes concernées à titre individuel, elle peut aussi contribuer à modifier collectivement la vision de toute la société (et en particulier celle des médias traditionnels) sur la perception des troubles psychiatriques, et réduire ainsi « la stigmatisation et la discrimination » à l’encontre des malades mentaux. Les auteurs citent ainsi l’initiative de l’organisation à but non lucratif de Nouvelle-Zélande, Like Minds, Like Mine pour combattre la stigmatisation et améliorer l’intégration sociale des personnes souffrant d’une maladie, un combat sociologique et médiatique relayé par Facebook, Twitter et YouTube[1].

Constituant une sorte d’observatoire de la stigmatisation ordinaire, cette page Like Minds, Like Mine déclinée sur ces trois grands médias sociaux permet aux participants de poster des articles de presse « préoccupants en raison de leur contenu stigmatisant » et d’échanger à ce sujet. Les réseaux sociaux fournissent ainsi un espace de conversation et suscitent un écho bienvenu pour la cause de la déstigmatisation (néologisme décrivant « la suppression de la stigmatisation ou, par extension, celle du combat pour obtenir cette suppression »).

Rappelons que si la lutte contre la stigmatisation est considérée comme une « priorité de santé publique » par plusieurs institutions (comme l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Association Mondiale de Psychiatrie[2]), on peut déplorer que trop peu d’actions soient encore, concrètement, consacrées à cette question. Dans ce contexte de faible mobilisation, l’apport des réseaux sociaux s’avère d’autant plus déterminant que, partie du terrain, c’est-à-dire des individus eux-mêmes, leur caisse de résonance est désormais mondiale.

[1] https://www.facebook.com/likemindslikemine , https://twitter.com/NZLikeMinds , https://www.youtube.com/results?search_query=like+minds+like+mine&sm=1
[2] http://www.wpanet.org/

Dr Alain Cohen

Référence
Betton V et coll. : The role of social media in reducing stigma and discrimination. B J Psychiatry, 2015; 206: 443–444.

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