Il y a quarante ans, Simone Veil défendait sa loi à la tribune de l'Assemblée

Paris, le mercredi 26 novembre 2014 – Ce mercredi, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone déjeune avec d’honorables vieilles dames. Il y a quarante ans, ces femmes aujourd'hui âgées mais toujours dynamiques, affirmaient haut et fort être des « salopes ». Actrices, femmes politiques, militantes : un grand nombre des 343 signataires encore vivantes du manifeste publié dans le Nouvel Observateur pour révéler au grand jour la pratique relativement fréquente (et dangereuse) de l’avortement pourtant interdit à l’époque dans notre pays, et ce dans toutes les sphères de la société, rendront hommage avec le Président de l’Assemblée nationale à la loi Veil.

Il y a quarante ans, la silhouette gravée dans toutes les mémoires du ministre de la Santé, s’avançait à la tribune et d’une voix à la fois émue et ferme, prononçait un discours décisif. « Pourquoi donc ne pas continuer à fermer les yeux ? Parce que la situation actuelle est mauvaise. Je dirai même qu’elle est déplorable et dramatique » commença celle qui devait demeurer dans l’histoire pour cette longue plaidoirie qui dura une heure et qui précédait vingt-cinq heures de débats parmi les plus violents que les ors de l’Assemblée nationale aient connu.

Un large consensus en dépit d’oppositions marginales

Après le déjeuner d’hommage à la loi Veil, l’hémicycle examinera une proposition de résolution portée par le député Catherine Coutelle visant à « garantir l’accès des femmes à une information de qualité, à une contraception adaptée, et à l’avortement sûr et légal ». Un texte qui devrait être très largement adopté. En dépit de certaines déclarations passionnelles qui peuvent encore être entendues, d’une certaine libération de la parole des plus farouches opposants à l’avortement (observée dans une récente interview au magazine Elle, par le ministre de la Santé), il n’existe en effet en France aucune velléité réelle d’une remise en cause de ce droit par aucune formation politique appelée à gouverner.

Quand la droite fait le projet de la gauche

Si le texte a connu plusieurs évolutions au cours de ces quatre décennies, il s’agissait toujours d’élargir le champ de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Prise en charge par la Sécurité sociale, création d’un délit d’entrave à l’IVG, allongement du délai légal : la plupart de ces modifications ont été le fait d’une gauche qui a longtemps vécu comme une blessure que ce qu’elle considère comme une avancée fondamentale du droit des femmes ait été portée par un gouvernement de droite. Récemment, l’esprit même de la loi Veil a été modifié. Présentée par son auteur comme une loi « d’exception », une loi « sanitaire », elle est désormais depuis la récente suppression de la notion de situation de détresse un texte qui affirme la liberté des femmes de disposer de leur corps, y compris, si cela leur semble absolument nécessaire, par le biais de l’avortement.

Un accès parfois difficile

D’autres évolutions pourraient venir. L'actuel Ministre de la Santé a récemment annoncé qu’à l’occasion des célébrations de l’adoption de la loi au mois de janvier, un nouveau plan serait présenté. Objectif : améliorer l’accès à l’IVG qui souffre de profondes disparités dans notre pays et qui poussent encore quelques milliers de femmes à se faire avorter à l’étranger chaque année. Des modifications structurelles devraient notamment être décidées, mais il ne sera sans doute pas question de revenir sur la clause de conscience qui permet aux médecins de refuser de pratiquer cet acte, bien que cela soit souhaité par certains.

Aurélie Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article