
Hill Valley, le samedi 24 octobre 2015 – Même les journaux les plus sérieux se sont laissés prendre au jeu, abandonnant pour quelques minutes la lourdeur de l’actualité. Mercredi 21 octobre, à 16h29, le Figaro alertait du passage d’une "DeLorean" volante, faisant clairement allusion au film Retour vers le futur, qui il y a trente ans, faisait du 21 octobre 2015 son "futur". Comme le révèle l’engouement pour cet anniversaire, le premier Retour vers le futur et ses suites représentent encore aujourd’hui un film culte pour des millions d’adolescents et plus encore pour ceux qui l’étaient à l’époque. Cette jeunesse qu’ils retrouvent en savourant une énième fois les sketches et la vision délicieusement kitch de l’avenir était incarnée par le dynamisme et l’enthousiasme de Mickael J. Fox âgé à l’époque de 24 ans.
Sacré destin
Quand il est choisi pour incarner Marty Mc Fly, le jeune canadien né à Edmonton le 9 juin 1967, dont la carrière décolle sur le petit écran, doit décliner cette proposition en dépit du caractère prestigieux de l’équipe de production et de réalisation (Steven Spielberg et Robert Zemekis). Les responsables de la série Sacré Famille dont il est le héros refusent en effet de lui offrir les congés nécessaires pour réaliser le film. Cependant, peu convaincu par le remplaçant choisi, Eric Stoltz, Robert Zemekis convainc Mickael J. Fox de s’engager dans un programme à la cadence infernale : tournage pendant la journée des épisodes de Sacré Famille avant de rejoindre le soir les plateaux de Retour vers le futur. Un emploi du temps détonnant qu’aujourd’hui personne ne regrette, face à la renommée et au succès du film.
Sacré destin
La joie s’est imposée dans les "célébrations" du trentième anniversaire du film tout au long de cette semaine. Mais cette joie est inévitablement teintée d’une certaine nostalgie, nostalgie pour ces années d’avant. Avant ce jour de 1991 où Mickaël J. Fox qui tourne alors Doc Hollywood découvre un matin un tremblement non maîtrisable de son petit doigt. L’acteur suppose alors qu’il s’agit de la conséquence d’une cascade un peu trop musclée mais décide cependant de consulter un neurologue. Le verdict ne tardera pas à tomber : il présente les symptômes précoces d’une maladie de Parkinson . Les médecins avertissent alors le jeune acteur auquel toutes les critiques promettent un futur plein de rebondissements qu’il ne pourra sans doute plus guère tourner que pendant une dizaine d’années.
Un pronostic confirmé
Cette annonce sonne pour Mickael J. Fox quasiment comme une sentence de mort comme il l’a expliqué des années plus tard. Il noie ses angoisses et sa tristesse dans l’alcool, commençant à boire quotidiennement et seul. Cette descente aux enfers va durer près de cinq années, durant lesquelles l’acteur est absent des plateaux de tournage. Bientôt, lentement, une thérapie va lui permettre de considérer différemment sa maladie, d’envisager la possibilité d’un autre avenir. Et c’est l’heure de son retour. Cependant, il ne parviendra pas totalement à remporter sa bataille contre le temps et la progression de sa maladie. Comme le lui avait prédit ses médecins, un peu moins de dix ans après l’arrivée des premiers symptômes, il doit renoncer aux tournages les plus longs et surtout à sa participation récurrente dans la série à succès Spin City. La veille de la diffusion du dernier épisode en présence de son personnage de bras droit du maire de New York, Michael J. Fox annonce la création de sa fondation contre la maladie de Parkinson, témoignant d’une certaine façon de son engagement dans une autre aventure.
« La même maladie que Michael J. Fox »
La volonté de créer une telle structure s’est inscrite en lui en découvrant, quelques semaines après la révélation de sa maladie, dans une interview dans People en 1998, l’impact de cette annonce sur les patients atteints de la maladie de Parkinson. Il sera notamment frappé d’entendre un jour quelqu’un déclarer : « Ah, tu es atteint de la même maladie que Michael J. Fox ». Il comprend alors combien sa notoriété pourrait être un moteur pour la lutte contre cette pathologie.
Une guerre gagnable mais une carrière en demi-teinte
Dès lors vont commencer des années d’activisme. Très vite la Fondation Mickael J. Fox contre la maladie de Parkinson va s’imposer comme un organe central pour la récolte de fonds : en quinze ans elle a permis de verser 450 millions de dollars aux chercheurs. Mickael J. Fox s’est présenté sur tous les fronts pour dynamiser les travaux, il portera même son message jusque devant le Congrès américain affirmant : « La guerre contre Parkinson est une guerre gagnable et j’ai décidé de jouer un rôle dans la victoire ». Cependant, pendant plusieurs années, les traitements qu’ils suivaient ne lui ont pas permis d’espérer faire son retour sur les plateaux, même s’ils lui ont offert la possibilité de mener une vie personnelle accomplie (l’acteur est marié et a quatre enfants). Tremblements, raideurs et surtout troubles de l’élocution étaient trop importants pour lui permettre d’espérer pouvoir tenir durablement un rôle. Cependant, en 2013, le comédien confiait qu’un nouveau traitement avait été initié, lui permettant de mieux contrôler les symptômes de la maladie. C’est ainsi qu’il a pu être le héros du Michael J. Fox show où il incarne un journaliste atteint de la maladie de Parkinson ou encore figurer au casting de la série Good Wife où les producteurs ont insisté pour qu’ils multiplient ses apparitions.
Gagner en gravité
Loin des années douloureuses où il refusait le terrible diagnostic, Michael J. Fox peut désormais parler des changements liés à sa maladie, notamment sur son jeu d’acteur. « Je possédais une certaine fluidité de mouvements, un certain rythme de parole sur lequel je pouvais compter. Lorsque tout cela m’a été retiré, j’ai découvert que je pouvais utiliser d’autres détails. Cette hésitation, cet "effet Parkinson", c’est devenu une opportunité (…). Ca m’a donné cette sorte de gravité. La maladie m’a vraiment donné une nouvelle vision des choses » assurait il y a quelques semaines, celui dont les célèbres Nike qui se lacent toutes seules, désormais inventées par le célèbre équipementier, seront bientôt vendues aux enchères au profit de la lutte contre la maladie de Parkinson.
Aurélie Haroche