
L'épidémie galopante de surpoids et d'obésité a donné un regain d'intérêt certain pour les diverses causes pouvant en être responsables. Parmi ces causes figurent l'hyperphagie boulimique qui n'est certes pas le seul fait des obèses, mais qui est particulièrement prévalente dans cette population.
Une toute récente revue systématique des données avec méta-analyse a déterminé les trois approches thérapeutiques les plus efficaces pour dompter ces envies irrépressibles d'aliments précis ingurgités en quantité anormale en un court laps de temps.
Au total, 34 essais ayant majoritairement enrôlé des femmes blanches âgées de 20 à 40 ans ont été passés en revue.
Le tiercé gagnant
Il ressort de l'analyse que les trois composants du tiercé
gagnant sont dans l'ordre : les traitements
cognitivo-comportementaux mis en œuvre et supervisé par un
thérapeute dûment formé, la lisdexamfetamine (indication non
approuvée en Europe) et les antidépresseurs de seconde
génération.
Le classement effectué d'après le taux de disparition des accès
d'hyperphagie boulimique s'établit comme suit :
• 58,8 % pour les approches cognitivo-comportementales versus 11,2
% pour les sujets sur liste d'attente d'une telle approche (risque
relatif = 4,95 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 3,06 à
8,00).
• 40,2 % pour le traitement par lisdexamfetamine versus 14,9 % sous
placebo (risque relatif = 2,61 ; IC95 de 2,04 à 3,33).
• 39,9 % pour les traitements par antidépresseurs de seconde
génération, versus 23,6 % sous placebo (risque relatif = 1,67 ;
IC95 de 1,24 à 2,26)
A noter encore
Les deux approches pharmacologiques diminuent significativement
l'ensemble des obsessions et comportements compulsifs en rapport
avec l'alimentation.
Une diminution de l'IMC n'a été constatée que chez les seuls
patients recevant la lisdexamfetamine (ainsi que chez ceux
recevant du topiramate).
Comme l'on pouvait s'y attendre les symptômes de dépression ont été
réduits chez les sujets recevant les antidépresseurs, mais pas en
cas d'approche cognitivo-comportementale.
Bizarre
Une lecture exhaustive de l'article disponible en accès libre n'a pas permis de retrouver mention des dangers liés à l'utilisation au long cours des dérivés amphétaminiques (cf le scandale fen/phen aux USA et du benfluorex en France). Mémoire courte ou les américaines seraient-elles immunisées ?
Dr Jean-Claude Lemaire