
Paris, le lundi 20 janvier 2020 – Alors que la situation
catastrophique de certains foyers d’accueil est régulièrement
dénoncée, le gouvernement reconnait des « dysfonctionnements
majeurs » dans le fonctionnement de l’aide sociale à l’enfance
(ASE).
Le gouvernement fait son mea culpa. Dans un entretien
accordé ce dimanche au journal La Croix, Adrien Taqué,
secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, reconnait
qu’il existe des « dysfonctionnements majeurs » dans le
fonctionnement de l’ASE, notamment dans l’encadrement des foyers
d’accueil. « Si ce qu’on m’a rapporté est avéré, c’est
intolérable ».
Une députée LREM en première ligne
Si la situation des foyers d’accueil des enfants en difficulté
est régulièrement dénoncée, c’est un reportage récent de l’émission
Zone Interdite qui semble avoir déclenché cette réaction du
gouvernement. Diffusé ce dimanche sur la chaine M6, le
documentaire, réalisé en caméra caché par des journalistes en
immersion, montre la situation déplorable d’un foyer d’accueil près
de Dijon. Totalement dépassés, les éducateurs ne parviennent pas à
encadrer les enfants qui sont totalement livrés à eux-mêmes, dans
des locaux insalubres. Dans ces conditions, les actes de violences
et les fugues sont malheureusement monnaie courante.
Ce documentaire choc avait été présenté en avant-première aux
députés à l’Assemblée Nationale à l’initiative de Perrine Goulet.
Députée LREM de La Nièvre, cette ancienne enfant placée a fait de
l’amélioration de l’ASE la priorité de son mandat de député. En
2019, elle a été rapporteur général d’une mission d’information
parlementaire sur l’ASE qui a rendu le 3 juillet dernier un rapport
qui peut servir de base aux réflexions du gouvernement.
L’Etat doit venir en aide aux départements
Pour beaucoup d’observateurs, l’ASE souffre de la
décentralisation. Sa gestion a en effet été confié aux départements
et si certains se donnent les moyens d’accompagner réellement les
enfants, d’autres se contentent du strict minimum. « La
décentralisation engendre autant de politiques d’ASE qu’il y a de
départements » explique Perrine Goulet. Pour elle, il est
nécessaire que l’État s’investisse plus dans cette mission : «
Il faut vraiment que l’Etat revienne aux côtés des
départements ».
Une demande qui semble avoir été entendu par Adrien Taqué. Il
souhaite notamment renforcer les contrôles opérés sur les foyers.
Il demande aux départements de se montrer « plus strict » et
d’opérer des « contrôles inopinés » et charge les préfets de
lui fournir un état des lieux de la question dans les trois mois.
En cas de défaillance des départements, ce sera à l’État d’exercer
ces contrôles, via les préfets et l’IGAS (Inspection
générale des affaires sociales). Enfin, Adrien Taqué souhaite,
d’ici le second semestre 2020, établir un taux national
d’encadrement des foyers d’accueil.
Q.H.