
What’s up Doc : Doc FX, qui êtes-vous ?
Doc FX : Je suis médecin urgentiste depuis plus de 10
ans à Epinal. J’ai une activité très variée, les urgences à
l’hôpital, les interventions SMUR, le centre 15 au Samu, je suis
aussi responsable du CESU qui est l’école du Samu.
Donc un urgentiste pur et dur ?
Pourquoi vous lancer dans la vidéo sur Youtube ?
Du coup vous avez créé un lien plus personnel avec votre communauté ?
FX : C’est ça. Il y a une partie professionnelle et une
plus privée. J’ai eu pas mal de retours d’étudiants en médecine qui
me disaient qu’ils me suivaient parce qu’il n’y avait pas que le
côté 100% Urgence Hôpital. J’aime mon job et j’aime le partager,
mais les jeunes ont aussi apprécié que je ne vende pas ma
spécialité, comme certains professeurs, mais que je parle aussi de
mon quotidien hors garde, et d’une partie de ma vie privée.
C’est suite au succès de Twitter que vous avez décidé de vous lancer sur Youtube ?
« J’avais partagé mon témoignage d’hématophobe devenu urgentiste, et comment j’ai réussi à surmonter cette phobie »
C’est suite au succès de Twitter que vous avez décidé de vous lancer sur Youtube ?
FX : J’avais fait un thread (un ensemble de tweets),
pour partager mon témoignage d’hématophobe devenu urgentiste. Avec
de l’autohypnose et beaucoup de volonté, j’ai réussi à surmonter
cette phobie, et je me suis dit que ça aiderait les étudiants. J’ai
eu des retours de cadres en IFSI, qui m’ont demandé l’autorisation
de partager mes tweets à leurs étudiants, parce qu’ils avaient des
cas similaires d’étudiants infirmiers. Donc je me suis dit c’est
dommage, parce qu’au bout de deux ou trois mois les tweets
disparaissent dans le flot. Et donc j’ai voulu créer quelque chose
qui reste dans le temps. C’est ce que m’apporte Youtube, que je
n’utilise pas comme un réseau social mais comme un moteur de
recherche. L’objectif c’est de mettre ma pédagogie sur ce moteur de
recherche, et lorsque les utilisateurs cherchent, ils trouvent la
bonne information.
A qui s’adresse votre chaine Youtube ?
A qui s’adresse votre chaine Youtube ?
FX : Je m’adresse plus au grand public qu’aux
professionnels de santé. Les gens ne savent pas ce que sont les
urgences, un déchoquage, une réanimation, une intubation… Ils
mélangent tout. Il y a un gros problème de compréhension des gens
sur l’organisation des urgences. Et lorsqu’on tape urgences sur
Youtube on tombe sur des reportages sensationnalistes avec une
sélection des moments un peu fous. Et notre quotidien ce n’est pas
ça. Donc j’ai voulu que la première vidéo de ma chaîne soit
Pourquoi on attend
aux urgences, il y a une vraie ignorance sur le
sujet.
Vous voulez éduquer les patients ?
FX : C’est en partie le but, mais je ne veux être ni
paternaliste ni moralisateur. Mais édifier un peu les gens sur des
choses que j’observe aux urgences depuis des années, essayer de
démentir les légendes urbaines. Là j’ai fait récemment
Les
saignements de nez, parce qu’une personne sur trois arrive
aux urgences avec la tête en arrière…
Les premières vidéos étaient plus sur l’organisation de l’hôpital ?
« Je veux aussi m’adresser aux étudiants en médecine, internes, externes, souvent je les vois arriver à leur première garde complètement effrayés »
Les premières vidéos étaient plus sur l’organisation de l’hôpital ?
FX : Je compte créer plusieurs playlists, une sur
l’organisation des urgences, on ne peut pas faire une chaine 100%
sur ce sujet, ça peut être lassant. Donc il y a aussi une
thématique sur les pathologies, les saignements de nez, les traumas
crâniens, la prochaine les massages cardiaques, ça reste aussi mon
métier de base d’enseignement des premiers secours. Je compte aussi
développer une partie de ma chaine pour les étudiants en médecine,
internes et externes, leur donner des conseils pour les gardes, la
récupération, le sommeil… souvent je les vois arriver à leur
première garde, complètement effrayés.
Avez-vous des retours de confrères sur votre chaine ?
Avez-vous des retours de confrères sur votre chaine ?
FX : Au niveau de la communauté urgentistes, j’ai des
retours positifs. Après il faut savoir qu’il y a sur les réseaux
sociaux des médecins qui ne m’apprécient pas. C’est un peu
paradoxal, mais c’est comme ça. C’est peut-être de la jalousie.
Mais la plupart estiment que c’est une bonne idée, et valident mon
message. C’est important pour moi de garder une crédibilité auprès
des autres urgentistes, ne pas passer pour le clown de service. La
difficulté avec la vulgarisation, c’est transmettre des messages
complexes au public, et de ne pas trop simplifier au risque que
cela devienne faux ou pas totalement réel. Mon but est de faire
passer de grands messages, mais pas de donner un cours aux
étudiants de médecine sur les dernières recommandations. Si des
professeurs en médecine développent une jalousie à mon égard, le
risque c’est qu’à la moindre erreur, ils peuvent m’attendent au
tournant.
Et cette nouvelle activité ne vous prend pas trop de temps
?
FX : Il me faut une dizaine d’heures par vidéo et je
fais ça sur mon temps libre. Et là je vais passer à un rythme d’une
vidéo tous les 15 jours, car je me rends compte que je ne peux pas
tenir le rythme hebdo. Je n’ai aucun but financier, je ne gagne pas
d’argent, je n’ai aucun but marketing, aucun objectif
particulier.
Est-ce qu’un patient vous a déjà reconnu ?
Est-ce qu’un patient vous a déjà reconnu ?
FX : Oui j’avais déjà des patients qui me
reconnaissaient de Twitter, puis je suis passé dans l’Est
Républicain et sur France3, et j’ai des patients qui m’ont reconnu,
c’est vous Doc FX ?
Et ça fait quoi de devenir une célébrité ?
« Le directeur de mon hôpital est au courant, il sait que je ne suis pas un chien fou et que je ne dis pas n’importe quoi »
Et ça fait quoi de devenir une célébrité ?
FX : Non non non, je ne suis pas une célébrité, et je
ne cherche pas la notoriété. Ca me responsabilise encore plus parce
que du coup je fais encore plus attention à donner une image
positive de la médecine. Je fais aussi attention au secret médical
et au droit à l’image. Trop de jeunes médecins publient sur les
réseaux sociaux et balancent des images de scanner ou autres. Moi
quand je vis des situations intenses et que j’ai un message à faire
passer, je le fais plusieurs semaines après et je change des
détails pour que la personne ne soit absolument pas reconnaissable.
Ce qui me plait c’est vivre de nouvelles expériences. Monter des
projets à l’hôpital, c’est un peu long, il faut trouver du budget.
Là je fais ce que je veux avec mon projet à moi, même si mon
directeur est au courant, et il m’encourage, il sait que je ne suis
pas un chien fou et que je ne dis pas n’importe quoi.
Une dernière question en tant qu’urgentiste et d’hospitalier, que pensez-vous du filtrage des urgences ?
Une dernière question en tant qu’urgentiste et d’hospitalier, que pensez-vous du filtrage des urgences ?
FX : Dans les Vosges, il n’y a pas vraiment eu de
filtrage, donc ça ne m’a pas tant concerné. Je n’ai jamais été
engagé en politique. Les problèmes de l’hôpital, tout le monde les
connait. Je ne me sens pas l’expertise pour donner des conseils
là-dessus. En revanche, diffuser des messages pédagogiques faisait
aussi partie des mesures de François Braun pour désengorger les
urgences. Certains CHU ont fait des campagnes de presse, « bobo,
pas bobo », c’était un peu bizarre, moi j’essaie d’aborder ça
différemment. Et c’est aussi l’objectif de ma chaine, éduquer les
gens sur certaines pathologies. Après je précise toujours dans les
vidéos, que ça ne vaut pas pour consultation médicale, parce qu’il
y a toujours le risque que les gens aillent chercher l’information
sur internet.
Cet article est issu de What’s up Doc.
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Luc Angevert