Fraude surréaliste : l’écriture automatique de publications scientifiques

Paris, le samedi 15 mars 2014 – En 2005, trois étudiants de l’Institut de technologie du Massachussets (MIT) mettent au point le logiciel SciGen. Ce système est capable de produire de façon totalement aléatoire des résumés scientifiques, intégrant même schémas et bibliographie, dont une lecture attentive révèle qu’ils n’ont en réalité aucun sens ! Le dispositif destiné à l’origine à mettre en évidence comment de nombreux congrès sont susceptibles d’accepter sans sourciller les résumés d’articles les plus farfelus est librement accessible sur internet : ses concepteurs n’ayant pas voulu priver le monde d’un instrument aussi ludique. Mais certains ont choisi d’utiliser SciGen au premier degré : ils l’ont effectivement employé pour produire des résumés d’articles qu’ils ont sérieusement soumis à des congrès et à des revues scientifiques. La supercherie est si bien faite que les organisateurs de ces conférences et les responsables de ces journaux se sont parfois laissé prendre ! Un spécialiste de l’informatique, Cyril Labé, chercheur à l’université Joseph Fourier de Grenoble vient de le démontrer. Il a mis au point un procédé capable de détecter les abstracts générés par SciGen. Et il a trouvé 120 papiers publiés dans différentes revues éditées notamment par Springer et par l’Institute of Electrical and Electronic Engineers (IEEE). L’ensemble des articles ainsi épinglés a été immédiatement retiré. Mais la découverte, révélée par la revue Nature, suscite des interrogations : comment des dizaines de journaux ont-ils pu publier dans leurs colonnes des textes sans sens réel ? Parmi les explications fréquemment avancées revient l’origine des auteurs : il s’agit souvent de « résumés » de prétendus conférences tenues par des scientifiques Chinois en Chine. Les relecteurs pourraient ainsi considérer que certains éléments apparemment insensés sont liés à des erreurs ou des difficultés de traduction. L’explication est un peu courte et il semble que l’on mette en évidence une nouvelle fois la légèreté des procédures d’acceptation et de relecture de certaines revues scientifiques.

Notons que Cyril Labé avait déjà montré en 2010 les dérives de la publication scientifique. Il avait en effet démontré combien il était facile d’ajouter dans Google Scholar, 102 faux articles générés par SciGen.

M.P.

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