
Portée par un habile marketing, la cigarette électronique a rapidement conquis un nombre impressionnant d’usagers. Les motivations des adeptes de l’e-cigarette sont variables, de l’aide au sevrage à la possibilité de pouvoir continuer à fumer dans les lieux où le tabac est interdit. En 2015, l’US Preventive Services Task Force estimait que les preuves étaient insuffisantes pour pouvoir recommander l’usage de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. Les études donnaient en effet des résultats contradictoires sur son efficacité dans ce domaine. Une nouvelle méta-analyse a été réalisée par une équipe de San Francisco. Les auteurs ont retenu 37 publications, dont 35 études observationnelles et 2 essais randomisés contrôlés. Vingt de ces travaux incluaient un groupe témoin et ont donné matière à une méta-analyse.
Les utilisateurs de l’e-cigarette, moins susceptibles de s’arrêter de fumer !
La conclusion de cette méta-analyse est qualifiée de « provocante et digne d’attention » par l’éditorialiste du Lancet. Il apparaît en effet que, contrairement à ce qui est prétendu dans les messages publicitaires, la cigarette électronique ne favorise pas l’arrêt du tabac. Au contraire. Les utilisateurs de la e-cigarette sont moins susceptibles que les non-utilisateurs de parvenir au sevrage (Odds Ratio [OR] 0,72 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,57 à 0,91). L’efficacité ne change pas de façon significative selon que les études prennent en compte tous les utilisateurs ou seulement ceux qui l’utilisent dans un but de sevrage (OR 0,63 vs 0,86).
Le fait que la cigarette électronique ne favorise pas le sevrage tabagique est sans doute le fruit de phénomènes complexes. Les auteurs avancent toutefois une explication selon laquelle le fait que la e-cigarette soit en vente libre est un obstacle au sevrage : une étude de population de grande envergure a en effet montré que les substituts nicotiniques étaient plus efficaces quand ils ne pouvaient être délivrés que sur prescription médicale, plutôt qu’en vente libre.
Les auteurs suggèrent enfin que l’inclusion de la e-cigarette dans les lois anti-tabac et dans les politiques d’aide au sevrage pourrait réduire son utilisation inappropriée en tant que substitut et peut-être accroître leur efficacité pour le sevrage des personnes réellement motivées.
Dr Roseline Péluchon