
Tokyo, le mardi 30 juillet 2019 – Poursuivant depuis de
nombreuses années des travaux reposant sur des embryons
chimériques, l’équipe du chercheur japonais Hiromitsu Nakauchi, qui
travaille entre Tokyo et la Californie vient d’obtenir le feu vert
pour une expérimentation prolongée.
L’observation du développement de cellules d’un animal
implantées dans un autre animal était jusqu’alors limitée à 14
jours au Japon. Les réglementations ont cependant été modifiées ce
printemps et permettent désormais de dépasser ce stade. C’est dans
ce cadre qu’Hirotmisu Nakauchi vient d’obtenir l’autorisation de
mener de nouveaux travaux.
Manipulation
L’objectif du chercheur et de son équipe est d’introduire des
cellules souches pluripotentes (iPS) humaines (en vue d'obtenir des
cellules pancréatiques) dans des embryons de rat et de souris,
avant de réimplanter ces derniers. Puis pendant quinze jours (et
non plus quatorze), les chercheurs pourront observer l’évolution de
ces iPS, soit pratiquement jusqu’à la fin de la gestation (qui est
de vingt jours chez les rongeurs). Afin d’éviter toute
prolifération non voulue des cellules humaines, les embryons
animaux seront modifiés pour rendre inactifs les gènes nécessaires
au développement des cellules pancréatiques, laissant libre champ
aux iPS humaines.
Des ambitions encore loin d’être satisfaites
Réticences multiples
Outre ces limites techniques, ce type de travaux suscite
depuis toujours auprès du grand public et au sein de la communauté
scientifique de fortes réticences éthiques, liées non seulement aux
nombreuses inconnues qui demeurent et qui permettent difficilement
de garantir l’absence de dérives, mais aussi à des considérations
plus philosophiques ayant trait au refus de transgresser la
frontière qui existerait entre l’homme et l’animal ou encore à
celui d’utiliser ainsi les animaux.
Aurélie Haroche