Ecole inclusive : Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel bons élèves

Paris, le jeudi 29 août 2019 – « On peut résumer ce que ça représente au travers d'une formule : avant, tu attendais d'avoir un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) pour aller à l'école. Désormais tu vas à l'école, un AESH t'attend » assure le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour évoquer l’augmentation du nombre d’AESH (4 500 recrutements), apparemment satisfait de cette formule, déclinée sous différentes formes dans la communication du ministère. Pourtant, il faudra plus que des slogans pour totalement rassurer les familles dont un enfant souffrant d’un handicap doit faire sa rentrée ce lundi, tant cette "inclusion" relève aujourd’hui encore de la quadrature du cercle.

Temps plein

Pourtant, le ministre de l’Éducation nationale et le secrétaire d’État aux personnes handicapées Sophie Cluzel ont voulu jouer les bons élèves et n’ont pas seulement soignés la présentation (même si en la matière aussi les efforts ont été importants, avec deux journées dédiées, une le 20 août à la Réunion et une aujourd’hui). Ainsi, plusieurs de leurs annonces sont des réponses aux critiques régulièrement formulées. Différents chiffres confirment les améliorations indiscutables de ces dernières années : on comptait 37 000 élèves en situation de handicap dans les collèges et les lycées, ils sont aujourd’hui 140 000. La progression tant à l’école élémentaire que dans le supérieur est par ailleurs constante : on devrait recenser 23 500 jeunes handicapés de plus dans les établissements scolaires cette année. Cependant, ces résultats très significatifs masquent des situations diverses et notamment le fait que certaines inclusions ne sont que partielles, se résumant à la présence de l’enfant quelques heures par semaine en milieu ordinaire. Une critique que le gouvernement n’écarte pas et à laquelle Sophie Cluzel répond qu’aujourd’hui : « 86 % des enfants sont scolarisés à temps plein : là aussi ça avance ».

Soutenir les professeurs

Autre face cachée : l’inclusion à marche forcée entraîne souvent des situations complexes pour des enseignants, qui s’ils sont très majoritairement (à 90 % selon certaines enquêtes) favorables au principe de l’inclusion (dont ils reconnaissent l’efficacité pour permettre aux jeunes enfants des améliorations sensibles et de véritables résultats) sont souvent mal formés et débordés. Là encore, les ministères entendent apporter des réponses : la plateforme Cap école inclusive « propose aux professeurs des ressources pédagogiques, immédiatement mobilisables en classe (…). Elle  permet également la mise en relation des professeurs avec des pairs expérimentés qui pourront les accompagner dans la mise en place d’adaptations et aménagements pédagogiques notamment pour les élèves avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA) » explique le ministère de l’Éducation nationale.

Sur tous les fronts

De nombreux autres dispositifs sont déployés en cette rentrée pour améliorer l’accompagnement des enfants handicapés et/ou à besoins spécifiques. Des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) seront installés, des services départementaux dédiés à « l’école inclusive » sont constitués, une cellule d’écoute a été activée au moins de juin, le nombre d’unités localisées d’inclusions scolaires (ULIS) a progressé tandis que les procédures d’aménagement des épreuves ont été simplifiées. Par ailleurs, Sophie Cluzel a insisté sur le fait que l’intervention des professionnels du médicosocial (orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues selon une liste non exhaustive citée par le secrétaire d’État) dans les écoles sera facilitée, ce qui répond également à une demande forte des familles.

Changer de regard

Révélant un effort important des pouvoirs publics et la totale conversion de l’état français à l’idée que l’inclusion scolaire est un droit fondamental pour les personnes handicapées, ces différentes mesures ne pourront répondre à toutes les situations et toutes les réserves. Ainsi, l’amélioration de l’insertion scolaire n’est pas suffisante pour entraîner un accès facilité à l’emploi, tandis que les alternatives efficaces à l’école (parfois plus souhaitables pour certains enfants) demeurent inexistantes.

Enfin, on observera que l’un des rôles de l’inclusion scolaire est de faire évoluer la perception du handicap dans nos sociétés. A cet égard, une enquête réalisée par Harris Interactive pour trois associations (Trisomie 21, la Fnapseph et l’ANPEA) offre des enseignements intéressants : les résultats montrent en effet « une forte ouverture à l’inclusion » selon le président d’Agir et Vivre l’autisme. Aujourd’hui une large majorité des Français se déclare favorable à l’inclusion des enfants handicapés à l’école ordinaire et si cette proportion est plus mesurée concernant les jeunes souffrant d’autisme, elle demeure cependant élevée (70 %). En outre, quand des réticences s’expriment, elles sont autant liées à des perceptions faussées du handicap qu’à des craintes concernant l’inadaptation du système et les réelles capacités de l’enfant à bénéficier de cet accompagnement.

Aurélie Haroche

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