Le Directeur général de l’ARS Grand Est limogé

Paris, le jeudi 9 avril 2020 - Interrogé vendredi sur le plan de réorganisation du CHU de Nancy prévoyant notamment la suppression sur cinq ans de 174 lits et de 598 postes, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, Christophe Lannelongue, avait estimé qu’il n’y avait pas de raison que la crise actuelle remette en cause ce projet, même si un retard serait probable. « Il n’y a pas de raison de remettre en cause [le plan] pour le CHRU de Nancy (…) Le dossier devrait être examiné début juin. (…) La trajectoire reste la même » avait ainsi assuré Christophe Lannelongue.

Une personnalité controversée

Ces propos ont déclenché la profonde colère d’un grand nombre d’organisations de professionnels de santé et de plusieurs élus alors que le Grand Est est la région la plus éprouvée par l’épidémie. Les appels à la démission se sont ainsi multipliés, tandis que beaucoup ont également exigé des "excuses" du directeur de l’ARS. L’incident a également favorisé certaines prises de parole, dénonçant le caractère « difficile » du responsable. Des critiques ont notamment été émises par des représentants de l’hospitalisation privée, déplorant son mépris pour ce secteur et l’insuffisance de coordination entre public et privé au début de l’épidémie.

Loin de se dédire, le patron de l’ARS continuait pourtant dimanche à défendre « un projet magnifique » dont il rappelait qu’il avait été adoubé par le ministre de la Santé, Agnès Buzyn et dont il assurait qu’il avait été « construit avec les personnels et porté par toute la communauté hospitalière ». Cependant, dès sa présentation en juillet 2019, une partie des représentants des personnels avait fustigé ce plan.

Limogeage

Bientôt, cependant, Christophe Lannelongue était désavoué par le ministère de la Santé. Dimanche, Olivier Véran tentait d’apaiser les esprits en assurant qu’évidemment les plans de restructuration étaient suspendus et seraient repensés au lendemain de la crise. Puis, alors que les protestations continuaient à enfler, ce mercredi, le gouvernement a signifié à Christophe Lannelongue qu’il souhaitait mettre fin à ses fonctions. Plaidant le malentendu, le directeur général reste convaincu que les équipes médicales du Grand-Est sont satisfaites de la gestion de la crise par l’ARS, qui a notamment participé à l’augmentation du nombre de lits en réanimation. « On peut dire que la situation dans le Grand-Est est sous contrôle, la croissance des hospitalisations s’est ralentie, l’ensemble des personnels soignants est protégé et on a pris à bras-le-corps la situation dans les Ehpad » souligne-il interrogé par Libération, notant encore que désormais les personnels de santé de la région reçoivent un nombre de masques quotidien parfaitement suffisant pour répondre aux besoins. Néanmoins, Christophe Lannelongue assure n’avoir aucune amertume : « Je ne suis pas en colère. Je ne fais pas de politique, je suis un fonctionnaire loyal. Je ne dis pas que je suis indispensable ». D’autres cependant dénoncent une décision politique, destinée à faire un "exemple". Le maire (LR) de Reims et président régional de la Fédération hospitalière de France, Arnaud Robinet, déplore cité par Le Monde que Christophe Lannelongue ait été limogé « pour avoir confirmé la politique de santé menée par le gouvernement ».

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Le Veau d'Or est toujours debout

    Le 09 avril 2020

    Sil y en a un qui n'a rien compris, espèrerait-on, c'est ce M. Lannelongue, le directeur de l’ARS Grand Est. J'ai lu son interview dans "Libération". Édifiant, ni coupable, ni responsable, puisque le Comité Machin Chose de l’Offre de Soins a tranché, alors, rien à dire,on supprime, on taille, on ferme, on harmonise, on concentre, on construit, rien à voir, passez votre chemin braves gens. Du reste tout a bien fonctionné question épidémie, presque une médaille, ce qui n’est peut être pas faux. Droit dans ses bottes, droit sur son rond de cuir de fonctionnaire obéissant (sic).

    Mais, horreur, s'il avait en fait tout compris, si on le prenait au mot, ce fonctionnaire modèle, si on ne se laissait pas aller aux griseries des lendemains qui chantent, où rien ne sera comme avant, le jour d'après, vois tu, frère, l'immense clarté de l'aube nouvelle poindre, foi de ministre !
    Si, en fait, la réalité passée, présente, et future, depuis toujours et jusqu'à la fin du monde, du moins en France, dans le domaine du système de santé, c'était ça, les agences, les comités, les graphes, les restructurations, les économies d'échelle, les tailles critiques, les ajustements, les comités, les COPIL, et autres vocables de la novlange fonctionnariste pompée sur les affolés du management entrepreneurial, les densités, les autorisations, les péréquations, les fonctionnaires partout, les fonctionnaires savants, non pas savants, omniscients puisqu’ils écoutent les sachants sélectionnés de l'heure, les Pr Truc et Muche, pauvres Pr Truc et Muche, comme si on n'allait pas les jeter à la poubelle après usage, ceux qui leur susurrent les mots qu’il faut et qu’ils attendent, faire plus avec moins et gloire au Ministère et à ses Créatures.

    Folie de la HPST, en continuant d’autres, et ancêtres de nouvelles, folie telle que personne ne la remarque plus, bien qu'on ait noté depuis longtemps que le Roi était nu, que ça ne marchait pas, ah mais alors pas du tout. Tout est en lambeau, par terre, chacun gémi, les trous deviennent si grands qu’ils feront bientôt l’essentiel du tissus. Folie si profondément ancrée et partagée, cette folie planificatrice dispendieuse, illusoire et surtout inefficace.

    Et bien ce M. Lannelongue dit sans doute la vérité, il faut se rendre à l’évidence. Comme l'amorce d'un début de dessillement n'est pas prêt d’apparaître, tant le monde politique français, bien trop paresseux pour penser à bras le corps les problèmes du système de santé, continuera, ébahi, sa ronde insensée autour du Veau d'Or des fonctionnaires. Les lendemains ne chanteront sans doute pas. Un nouveau M. Lannelongue, fonctionnaire obéissant mais zélé reviendra avec ses bottes de sept lieues reprendre l'assaut victorieux, car ce qui manque, on le sait bien dans ce monde c'est l’opiniâtreté, et les M. Lannelongue ont pour cela la vie éternelle devant eux !

    Dr Gilles Bouquerel

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