Quel mode de dépistage pour le cancer colorectal ?

Le dépistage du cancer colorectal (CCR) est destiné à réduire son incidence et sa mortalité. Des essais randomisés, menés sur de longues durées, ont montré l’efficacité du dépistage par le test au gaïac ou la sigmoïdoscopie. Toutefois, le dépistage est désormais le plus souvent réalisé par le test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles ou par coloscopie. Le test immunologique a montré une sensibilité et spécificité supérieures à celles du test au gaïac et l’on peut supposer que la sensibilité et la spécificité de la coloscopie sont au moins aussi bonnes que celles de la sigmoïdoscopie. Selon l’adage « qui peut le plus, peut le moins », le test immunologique et la coloscopie devraient donc faire preuve de performances au moins égales au test au gaïac et à la sigmoïdoscopie. Il existe toutefois peu de données issues d’essais randomisés et traitant de l’efficacité relative des différentes stratégies.

Le British Medical Journal publie les résultats d’une étude réalisée à partir d’un modèle de micro-simulation de développement des CCR, dénommé MISCAN-colon et portant sur une cohorte de norvégiens âgés de 50 à 79 ans avec un risque de CCR à 15 ans allant de 1 à 7 %. Quatre stratégies de dépistage étaient comparées à l’absence de dépistage : le test immunologique réalisé tous les ans, ou tous les 2 ans, ou une seule sigmoïdoscopie ou coloscopie (avec une compliance de 100 %).

Toutes les stratégies sont efficaces…

Le modèle de micro-simulation suggère que toutes les stratégies réduisent la mortalité par cancer colorectal pendant les 15 ans de suivi. Pour des individus dont le risque initial de CCR est de 3 % sans dépistage, le test immunologique annuel ou la coloscopie réduisent la mortalité par CCR de 6 pour 1 000 individus (réduction de 60 % environ). La sigmoïdoscopie ou le test immunologique réalisé tous les 2 ans la réduisent de 5 pour 1000 (réduction de 50 %).

La coloscopie, la sigmoïdoscopie et le test immunologique annuel réduisent aussi l’incidence du CCR, de 10 pour 1 000, 8 pour 1 000 et 4 pour 1 000 respectivement. La réduction estimée de l’incidence avec le test immunologique tous les 2 ans est de 1 pour 1 000 personnes.

Si, pour la mortalité et l’incidence, l’effet relatif du dépistage est sensiblement le même pour tous les niveaux de risque initial (de 1 % à 7 % à 15 ans), l’effet absolu est supérieur pour les personnes à haut risque. Il n’existe pas de différence notable quand les résultats sont stratifiés par sexe. En revanche, lors de la stratification par âge, le test immunologique semble plus efficace chez les personnes les plus jeunes, alors que la coloscopie et la sigmoïdoscopie sont plus efficaces chez les plus âgées.

Quant aux effets indésirables graves, gastro-intestinaux ou cardio-vasculaires, leur fréquence est proportionnelle au nombre de coloscopies nécessaires. Pour les patients à 3 % de risque de CCR, le test immunologique tous les 2 ans comporte le risque le plus faible de complications graves (2,9 pour 1 000) et le dépistage par coloscopie le risque le plus élevé (4,6 pour 1 000).

Dr Roseline Péluchon

Référence
Buskermolen M. et coll. : Colorectal cancer screening with faecal immunochemical testing, sigmoidoscopy or colonoscopy: a microsimulation modelling study. BMJ 2019;367:l5383

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