Modèles de l’Institut Pasteur : des prévisions sans doute trop alarmistes
Paris, le lundi 12 octobre 2020 – Le Conseil scientifique et
le gouvernement s’appuient entre autres sur les prévisions établies
par l’Institut Pasteur, concernant l’évolution de l’épidémie de
Covid-19. Si ces dernières ne sont pas publiques (les données et
conclusions sont uniquement transmises aux pouvoirs publics), elles
peuvent néanmoins être citées par le ministère de la Santé lors de
ses conférences régulières, détaillant notamment les nouvelles
mesures de restriction destinées à freiner la circulation du
virus.
Gouverner, c’est prévoir…le pire ?
Mais, comme souvent les modélisations épidémiques, les
prévisions de Pasteur sont apparues trop alarmistes.
Ainsi, à la mi-octobre, l’Institut envisageait la saturation
des capacités de réanimation dans plusieurs régions, ce qui n’est
heureusement pas aujourd’hui la situation constatée.
Pasteur concède avoir insuffisamment pris en compte le tassement de
l'épidémie intervenu à partir de la mi-septembre.
« Dans beaucoup de régions, ça s'est fortement tassé. Il y a
encore des régions comme l'Ile-de-France ou les Hauts-de-France qui
continuent à voir leur nombre d'hospitalisations et d'admissions en
réanimation doubler en moins de trois semaines. Et si l’objectif
est de ne pas dépasser 30%-50% de lits de réanimation pour
Covid-19, afin de laisser de la place aux autres patients, les
dynamiques observées dans une majorité de régions restent
problématiques » explique, au Parisien, Simon Cauchemez,
épidémiologiste spécialisé en modélisation mathématique à
l’Institut Pasteur.
Cependant, la reconnaissance des imperfections des modèles ne
suffit pas et certains observateurs interrogent de plus en plus la
pertinence pour les décideurs de les mettre en avant.
Prévisions « farfelues »
« Si les responsables sont suffisamment modestes pour dire
et insister sur le fait qu'il s'agit d'un scénario catastrophiste
et ne pas montrer que celui-ci, cela me dérangerait beaucoup moins.
Ces modélisations ne sont pas fausses mais il y a parfois un manque
de prudence dans les éléments de langage » juge le Pr Antoine
Flahault, directeur de l'Institut du Globe à l'université de
Genève. « On ne peut pas prévoir la situation un mois et demi à
l'avance, c'est totalement farfelu » poursuit-il avant de
rappeler « les prévisions les plus sombres sont toujours
fausses ».
A distance, Simon Cauchemez lui répond et estime que les
projections, qu’elles se confirment ou non « peuvent aider à
mieux anticiper et à comprendre pourquoi il est important de
ralentir la circulation du virus dans la population, en changeant
nos comportements ou en mettant en place des mesures de contrôle
additionnelles » !
Quoi qu’il en soit il explique à Libération avoir, avec ses
équipes, changé ses modes de calcul : « pour mieux prendre en
compte l'aspect très évolutif, les dernières modélisations
s'appuient désormais, et notamment, sur les données des quatre
dernières semaines, des trois dernières semaines, mais aussi des
deux dernières semaines. Dans les prochains travaux, on regardera
peut-être même ce qu'il se passe sur la dernière semaine, pour
avoir un signal précoce (…). Il y a une tension entre regarder une
période très courte, avec le risque que tout change très vite, et
la volonté de prendre des périodes plus longues, avec le risque de
ne plus être assez réactif ».
Sur cette base, il a livré une nouvelle modélisation aux autorités,
qui, selon les happy few qui ont pu les consulter prévoit 2
000 lits de réanimation occupés par des cas de Covid à la
mi-novembre contre 5 000 auparavant…
Tous ces prévisionnistes me font penser au concours de pronostic des "experts du foot" qui s'amusent tous les soirs sur la chaîne "l'Equipe 21" à faire état de considérations savantes sur le match à venir. Tous aussi éminents spécialistes de la question, bardés d'arguments statistiques et de raisonnements imparables, ils font des prévisions totalement erronées mais leurs commentaires sont très assurés... après coup. Ils délivrent d'imparables explications au résultat, quel qu'il soit, que seul le hasard a permis à l'un d'eux d'approcher.
Dr Pierre Rimbaud
Ces modélisations sont tout simplement fausses
Le 13 octobre 2020
....comme le sentent les personnes de bons sens( ex: Dr Rimbaud), et comme le savent les personnes qui les ont étudiées.
Modèles bien pensés, parfois sophistiqués mathématiquement, etc.... mais faux, car:
-non linéaires et hypersensibles aux "conditions initiales", d'où des divergences considérables sur le résultat final, pour de petites différences de conditions initiales.
-nécessitant des données expérimentales en nombre suffisant, très exactes et très précises, mesurées et non devinées.
- procédant par extrapolations souvent injustifiables
- invérifiables expérimentalement ou de façon observationnelle, sauf dans des situations expérimentales extrêmement simplificatrices.
Dr Yves Darlas
Finalement pas si alarmistes
Le 25 octobre 2020
Au 24 octobre le nombre de lits de réa occupés par des malades du Covid 19 est de 2491... alors à la mi-novembre ?