Choc frontal pour les sportifs

Aux Etats-Unis, les organismes assureurs interviennent de plus en plus dans la configuration de la médecine. Se posant la question de savoir dans quelle mesure certains sports sont plus dangereux que d'autres, ils ont voulu déterminer une gradation dans la gravité des blessures céphaliques engendrées par les trois sports les plus populaires aux USA, à savoir le football américain, le hockey sur glace et le football (discipline pratiquée surtout par les femmes outre-Atlantique). Ils ont donc commandité une étude menée par le département des urgences de l'université McGill à Montréal, qui ont compilé toutes les blessures céphaliques, commotions cérébrales, traumatismes crâniens et fractures du crâne survenues au Canada entre 1990 et 1999, et ont intégré ces données en fonction du nombre de matches pratiqués dans chaque discipline durant la même période : le hockey ayant généré 17 008 blessures céphaliques, le football 86 697 et le football américain 204 802. Quant aux commotions, les chiffres respectifs ont été de 4 820, 21 715 et 68 861. En ramenant ces données au nombre d'incidents par 10000 joueurs, ils arrivaient à la conclusion que la fréquence des blessures est équivalente dans chacun de ces sports.

Cependant, il est intéressant de constater que le port d'un casque (en football américain et en hockey sur glace) modifie le profil des blessures engendrées. Ainsi les fractures maxillo-faciales sont nettement plus fréquentes en football, alors que les commotions sont plus fréquentes dans les deux autres sports, avec une répartition très inhomogène en fonction de la place occupée par le joueur : 1,62/100 parties chez les quarterbacks et 0,93 pour les défenseurs, plus à même d'anticiper le choc. Les suites de la commotion sont très variées selon qu'elle a été occasionnée par le choc direct avec le casque ou au cours de la réception au sol : les céphalées grevant les premiers jours en cas de choc direct et les vertiges en cas de mauvaise réception. Quant aux symptômes à distance, tous les sports sacrifient aux mêmes conséquences, avec une amnésie rétrograde dans 18,0% des commotions. De plus, être victime d'une commotion est le principal risque pour être victime d'une seconde commotion au cours de la même saison.

Mais on peut se poser la question du bien-fondé de telles études quand on sait que la conséquence principale est l'intérêt de couvrir différemment le risque de fracture temporo-mandibulaire chez le joueur (la joueuse) de football eu égard aux risques esthétiques de cet accident, ainsi que celui de proposer une surprime aux quaterbacks... ou à tout joueur qui reprend la saison après une première commotion...

Dr Dominique-Jean Bouilliez


Scott DJ. : « Head Injuries Presenting to Emergency Departments in the United States From 1990 to 1999 for Ice Hockey, Soccer, and Football ». Clinical Journal of Sport Medicine 2004 ; 14 : 80-87. © Copyright 2004 http://www.jim.fr

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