On estime au niveau mondial que plus d’un tiers des patients
infectés par le VIH sont co-infectés par le virus de l’hépatite C.
Les interactions entre ces deux maladies et leurs traitements ne
simplifient pas la prise en charge :
- le VIH accélère la progression de la maladie hépatique, notamment
en cas d’immunodépression sévère. Cette immunodépression compromet
également les chances d’obtenir une réponse virologique prolongée
en cas de traitement par interféron-ribavirine.
- par ailleurs, le VHC n’a pas beaucoup d’impact sur la
progression de l’infection par le VIH, mais il complique sa prise
en charge en augmentant le risque d’hépatotoxicité des traitements
antirétroviraux.
De ce fait, il est recommandé en cas de déficit immunitaire
important (CD4<200/mm3), de privilégier le traitement
antirétroviral et de restaurer l’immunité avant d’envisager le
traitement de l’hépatite C (conférence de consensus mars 2005).
Cependant, que faire en cas d’hépatotoxicité ?
Les auteurs de cet article relatent leur expérience auprès de 12
patients co-infectés VIH-VHC présentant une hépatotoxicité
importante (augmentation des transaminases grade 3 ou 4) et
symptomatiques après l’initiation d’un traitement
antirétroviral.
Sur le plan de l’infection VIH, le taux moyen de CD4 était de
124/mm3 et la charge virale moyenne de 115 369 copies/ml.
Concernant l’hépatite C, la charge virale était > 800 000 UI/ml
; pour 9 patients, il s’agissait du génotype 1, du génotype 3
pour 2 autres et du génotype 4 pour le dernier. La biopsie a été
réalisée pour 11 d’entre eux, confirmant la présence d’une nécrose
inflammatoire importante.
Ces patients ont reçu un traitement à base d’interféron
(PEG-INFα-2a, PEG-INFα-2b ou interféron standard) et de ribavirine.
Les prophylaxies des infections opportunistes ont été
maintenues.
Sur le plan virologique, les résultats n’ont pas été très
satisfaisants, comme l’on pouvait s’y attendre (une réponse
virologique a été observée pour 5 patients et a été prolongée pour
seulement l’un d’entre eux). Cependant, les taux de transaminases
ont diminué et les manifestations cliniques ont régressé. Les
traitements antirétroviraux ont pu être repris au bout de 12
semaines en moyenne, sans complication cette fois-ci (il est
important de noter que le même traitement a été réintroduit pour 4
patients).
Ces données sont en faveur d’un effet bénéfique des traitements à
base d’interféron même en l’absence de réponse virologique
satisfaisante, pouvant s’expliquer par une action directe sur
l’inflammation hépatique.
Dr Alice Perignon