Les huiles de poissons (HP) par l’intermédiaire des apports en oméga 3 (O3) – acide docosahexaénoïque (DHA) et acide eicosapentaénoïque (EPA) – ont été créditées d’un effet favorable sur la mortalité d’origine cardiaque avec semble-t-il une réduction de la fréquence des morts subites liées aux arythmies. Cependant, les revues systématiques, qui n’ont certes pas pris ne compte les travaux les plus récents, ne sont pas parvenues à des conclusions tranchées quand aux effets des DHA et EPA sur l’arythmie cardiaque.
Une nouvelle synthèse des données de la littérature sur les effets des HP/O3 sur la mortalité et les arythmies vient d’être réalisée par H León et coll. Elle a concerné les essais randomisés et contrôlés évaluant les résultats de la supplémentation en huile de poisson sur l’arythmie et les morts subites d’origine cardiaque ainsi que sur la mortalité toutes causes et la mortalité d’origine cardiaque. L’action de différentes formulations d’EPA et de DHA a été également analysée.
En tout, 12 essais ont été retenus rassemblant 32 779 patients. Un effet neutre a été rapporté dans 3 essais (n = 1 148) sur la survenue d’arythmies nécessitant un défibrillateur implantable (OR = 0,9 ; IC 95 % : 0,55 à 1,46) et dans 6 essais (n = 31 111) sur la survenue de mort subite d’origine cardiaque (OR = 0,81 ; IC 95 % : 0,52 à 1,25). Dans 11 études, les données disponibles montraient une diminution de la mortalité globale (n = 32 439) (OR = 0,92 ; IC 95 % : 0,82 à 1,03) et une réduction de la mortalité d’origine cardiaque (n = 32 519) (OR = 0,80 ; IC 95 % : 0,69 à 0,92). La relation dose-réponse pour le DHA et l’EPA sur la réduction de la mortalité d’origine cardiaque n’était pas significative.
En définitive, la supplémentation par les huiles de poissons a été associée à une réduction significative de la mortalité d’origine cardiaque, mais pas celle de l’arythmie ou de la mortalité globale. Les données restent insuffisantes pour pouvoir recommander une formulation optimale d’EPA ou de DHA. Mais on peut quand même manger du poisson !
Dr Georges Dubois