Test le plus utilisé dans l’évaluation cognitive des personnes âgées, le Mini Mental State Examination (MMSE) manque de sensibilité pour dépister les déclins débutants. Qu’en est-il du test de reconnaissance d’objet, le Novel Image-Novel Location (NINL), qui évalue la mémoire visuospatiale ? Cette étude qui a comparé les performances relatives du MMSE et du NINL sur 2 ans apporte des éléments de réponse.
Vingt-sept sujets américains de 62 à 92 ans, dont 21 femmes, se sont portés volontaires dans 2 maisons de retraite. Les sujets présentant des pathologies non stabilisées, des déficits visuels ou auditifs sévères et un MMSE inférieur à 22, ont été exclus. Ont été pratiqués un MMSE et un NINL à l’inclusion, à 6, 18, et 40 mois, des tests de mémoire logique, rappel de mots, ainsi qu’une évaluation avec les échelles de démence CDR et CCDR de façon concomitante au NINL à 52 mois.
Au cours du NINL, 12 planches de 3 images disposées sur 4 quadrants (1 est vide) sont présentées. Un second jeu de planches est ensuite montré dans un ordre différent, immédiatement et à 5 minutes. Le sujet doit déterminer s’il y a un changement (nouvelle image [NI]), ou déplacement d’une image dans le quadrant initialement vide (NL), ou non (NC).
Sur 4 ans, le MMSE n’a pas été modifié, alors que les NINL totaux et par sous-scores ont diminué significativement. Ces variations étaient vérifiées sur le plan individuel en pourcentage de la valeur initiale, à l’exception du sous-score NI. Le lien MMSE-NINL était significatif, mais s’affaiblissait au fil des sessions. Le NINL total était corrélé aux épreuves immédiates et différées de mémoire logique et d’apprentissage d’une liste de mots, donc à des tests où un score bas est évocateur de démence. Une corrélation négative a été mise en évidence entre le NINL total, les sous-scores NL et NI, les CDR et CCDR.
La tâche de nouvelle localisation différencie le NINL d’un test de reconnaissance d’objet et évalue la mémoire spatiale qui décline rapidement avec l’âge (ce qui pourrait rendre compte de la baisse brutale du sous-score NL entre 18 et 40 mois). La mémoire visuospatiale, rapidement altérée dans les stades précoces de la maladie d’Alzheimer (MA), est considérée comme un facteur prédictif d’évolution d’un Mild
Cognitive Impairment (MCI) vers une MA. Certaines tâches
cognitives sont sensibles au niveau d’éducation, notamment par
l’intermédiaire de la mémoire verbale. Le NINL permet une
évaluation moins biaisée par le niveau d’études et la langue
maternelle.
Le NINL pourrait ainsi être proposé dans l’identification
pré-symptomatique des sujets âgés à risque de déclin cognitif type
MCI ou démences, pour une prise en charge plus précoce qu’avec le
MMSE.
Dr Anne Bourdieu
