Les noyades sont responsables de 410 000 victimes par an dans le monde dont 20 % sont des enfants. Elles sont ainsi la deuxième cause de décès accidentel de l’enfant de 1 à 4 ans. En Australie, en 2007, 261 noyades ont été enregistrées dont 40 concernaient des enfants. Ce triste bilan ne peut faire abstraction d’une possible autre conséquence funeste de ces accidents : la noyade de celui qui, mu par une impulsion altruiste, s’est jeté à l’eau pour sauver la victime.
Des auteurs australiens, pour évaluer ce phénomène et proposer des mesures préventives, ont conduit une enquête à partir de plusieurs bases de données : le Bureau de Statistiques (causes des décès), les sociétés de sauvetage et les médias. Cette investigation a permis de recenser 17 victimes de 2002 à 2007 sans toutefois pouvoir préciser, par comparaison, le nombre de sauvetages réussis qui ne figurent pas dans les bases de données.
De ces 17 victimes (âge moyen 36 ans ; 8 à 55 ans), 16 sont des adultes et le dernier un enfant. Quinze sont des parents au 1er degré : parents, oncle, beaux-parents ou frère. Dans les 2 autres cas il s’agit d’une personne ayant l’enfant en charge et d’un passant. Quinze fois sur 17, ces sauveteurs n’étaient pas de la région. Les accidents sont survenus aussi bien dans les rivières (n=2), les lacs (3) qu’en milieu marin : plages (7), ports (2) ou en plein océan (3) mais le plus souvent prés du bord. Les courants étaient souvent en cause aussi bien en eau douce que salée.
Quinze de ces sauveteurs malheureux étaient des hommes. Deux avait consommé des boissons alcoolisées avant l’intervention. La victime initiale a survécu dans 15 cas.
Les commentaires des auteurs portent sur la charge émotionnelle
et les conséquences sociales de ces accidents qui n’ont pas fait
l’objet d’études particulières.
La prévention devrait porter sur l’apprentissage des mesures
élémentaires de sauvetage qui doivent être entreprises sans mettre
sa propre vie en danger. Les premières sont l’entrainement pour
lancer un cordage : à 2 mètres, seuls 20 % des adultes atteignent
la cible au 1er essai et 20 % ne pensent pas à sécuriser l’autre
extrémité. En contraste un enfant entrainé peut jeter une corde à
10 m et ramener une victime potentielle en 23 secondes. Les autres
recommandations portent naturellement sur les techniques de
sauvetage dans l’eau qui sont plus difficiles à acquérir.
En conclusion, des mesures préventives d’éducation, en particulier pour les parents, sont indispensables.
Pr Jean-Jacques Baudon