La leucémie myélomonocytaire juvénile (LMMJ) se caractérise par la prolifération de cellules myélomonocytaires, des mutations dans la voie de signalisation RAS (dans 85 % des cas) et une monosomie du chromosome 7 (chez 25 % des patients). Grâce aux récentes technologies de biologie moléculaire, les auteurs ont cherché à mieux comprendre la maladie en étudiant une paire de jumeaux monozygotes monoplacentaires ayant tous les deux une LMMJ, une mutation du gène PTPN11 (protein tyrosine phosphatase, non-receptor type 11) et un chromosome 7 anormal. La mutation du gène PTTN11 (E76G) a été retrouvée dans la moelle osseuse et le sang périphérique des deux jumeaux, qui présentaient aussi le même chromosome 7 anormal. Cette anomalie correspond à une perte de matériel du chromosome 7 d’origine maternelle. L’origine germinale de la maladie a été exclue, car aucune mutation de PTPN11, ni perte de chromosome 7 maternel, n’ont été détectées dans les fibroblastes, les bulbes capillaires, les cellules mésenchymateuses, ni dans le sang des parents. La maladie est bien liée à la prolifération clonale d’une cellule pluripotente, car les mutations PTPN11 et les anomalies du chromosome 7 étaient présentes à différents pourcentages dans toutes les lignées cellulaires (granuleuses, monocytaires et érythrocytaires). Le profil d’expression génique a identifié deux signatures. Une signature leucémie myéloïde aiguë (LMA) chez l’un des jumeaux qui a présenté une maladie plus agressive, une récidive 8 mois après greffe de cellules souches hématopoïétiques et dont il est décédé.
L’autre jumeau présente une signature non-LMA et une maladie moins agressive ; il est en rémission depuis la greffe.
Ainsi, la mutation du gène PTPN11 et le remaniement du chromosome 7 maternel sont les deux événements prénatals qui ont précédé la leucémie de ces jumeaux monoplacentaires ; la concordance des évènements serait liée aux anastomoses vasculaires dans le placenta commun.
Claude Demare